Boja Vasic et Vessna Perunovich : Sans frontière

Dans Lost in the Grand Bazaar, Boja Vasic se met en scène dans un bruyant marché d’Istanbul. Alors qu’il arpente la place publique à l’heure de la prière, le monde autour de lui devient flou et indistinct, soumis à son propre mouvement, que la caméra suit invariablement. Sa démarche incertaine dans ce milieu étourdissant lui fait vivre un crescendo de déroute qui l’absorbera au point de le disjoindre de l’environnement devenu insipide.

Avec Crossing the Bridge, Vessna Perunovich se met aussi elle-même en scène. La femme blonde et sobrement vêtue parcourt les rues désertes d’un village turc, supportant des dizaines de ballons roses, comme si elle avait à l’épaule le poids de la féminité. Avec I Hug the World and World Hugs Me Back, l’art devient relationnel jusqu’au creux des bras. Au centre de l’oeuvre se trouve le précieux contact de l’autre, que l’on accueille malgré la tension sociale qui généralement nous retient. C’est la même urgence d’un rapport à l’autre qui est mise en scène par une projection en diptyque (Borderless) montrant deux individus – un homme et une femme – qui se fondent dans un espace peut-être trop souvent traversé. S’y croisant sans se voir, se suivant sans le savoir, les deux personnages, grâce au plus pur des hasards, finiront par se trouver et s’enlacer, comme s’il s’agissait de la seule issue possible.

Une belle rencontre, même en différé, avec deux artistes anationaux qui reviendront dans la région en janvier prochain pour une exposition de photos à Espace Virtuel, intitulée Parallel Work – The Architecture of Survival.

Jusqu’au 20 avril
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