Intérieur : La question de l'être n'est pas tombée dans l'oubli
Arts visuels

Intérieur : La question de l’être n’est pas tombée dans l’oubli

La preuve, c’est Intérieur, une exposition de peintures de l’artiste Rafael Sottolichio à la galerie Lacerte, où il nous propose une réflexion picturale sur l’existentialisme. Rencontre.

À peine avons-nous eu le temps d’échanger quelques phrases par téléphone que déjà Sottolichio nous explique le caractère éminemment philosophique de ses dernières productions: "J’aborde l’être dans le monde. En lisant des ouvrages à caractère existentialiste, comme ceux de Kierkegaard, Sartre et Heidegger, j’en suis venu à me poser des questions: qu’est-ce que c’est qu’être, qu’est-ce que je suis, qu’est-ce que je fais, qu’est-ce que sont les autres?" C’est de ce genre d’interrogations que s’est inspiré ce jeune peintre pour produire la majorité des toiles, qui sont à la frontière de la figuration et de l’abstraction. C’est d’ailleurs ce qui donne toute la puissance visuelle de son oeuvre. Et vivre de la peinture à 34 ans, c’est en soi un exploit. Après avoir complété un baccalauréat en arts visuels à l’UQAM, Sottolichio, d’origine chilienne, deviendra un des jeunes peintres les plus en vue de sa génération.

Sa démarche se comprend donc en fonction des livres qu’il découvre: "Les textes que je lis me font me poser des questions. En fait, j’ai trouvé la source de mon inspiration dans la lecture de textes philosophiques sur l’existentialisme. J’étudie le rapport de notre corps [avec le monde matériel qui nous entoure]. Je tente d’évoquer autant la matérialité que l’immatérialité du corps", de l’intérieur vers l’extérieur et vice versa. "En gros, l’exposition est une exploration. J’essaie aussi de jouer sur l’ambiguïté en utilisant plusieurs techniques. Je joue avec la peinture." En d’autres termes, "dans le cadre de ma maîtrise [qu’il poursuit à l’UQAM], je cherche les formes d’une anthologie picturale".

À partir de cette recherche philosophico-esthétique, existentielle pourrait-on dire, il crée son dasein, il le fige, le fixe, arrêtant de la sorte le temps, prisonnier de ses peintures. Il imagine un monde transcendantal, un univers à la fois virtuel et réel, où toutes ses toiles évoquent avec une force incroyable et par un mouvement contrôlé les questions fondamentales de l’ontologie, où chaque coup de pinceau est un pas de plus pour Sottolichio vers une réponse existentialiste, s’il en est, à l’incompréhensibilité de la vie!

Son oeuvre prend justement tout son sens dans l’abandon qu’elle nous procure, dans l’absence, finalement, de réponses rationnelles. L’intensité d’Engloutie #19 devient une expérience artistique éblouissante, les troublantes Intérieurs #1, Engloutie #22 et #25, où les personnages ont les yeux illuminés par la révélation d’on ne sait trop quoi, éveillent les sens. Une oeuvre où les jeux de couleurs et de formes géométriques, par exemple dans La Parole et La Collection, nous amènent à reconsidérer la manière dont nous percevons la réalité.

Jusqu’au 29 avril
À la galerie Lacerte Art contemporain
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