Kinga Araya : Le portrait de la violence
Kinga Araya présente Paroxysme, une série de photos aux propos pénétrants, présentée au centre Art-image dans le cadre de Scène Québec.
Paroxysme de Kinga Araya est composée de cinq oeuvres photographiques de grand format et d’une série d’oeuvres vidéographiques. Si le point fort de l’exposition se situe dans les propositions des photographies, la projection de vidéos donne un aperçu de la démarche globale de l’artiste, où la notion d’identité est centrale; une question exposant la dichotomie en jeu entre l’individuel et le social derrière la question d’identité.
De leur côté, les cinq images de Paroxysme ont été tirées dans des espaces domestiques très sobres n’affichant aucune particularité. Dans chacune des images, Araya présente une femme "élégamment vêtue" qui se retrouve dans des mises en scène équivoques, dans lesquelles son corps est désarticulé afin de prendre certaines positions reliées d’emblée à la notion de violence. On pourrait croire que le paroxysme, comme l’entend le titre de l’exposition, survient dans ces moments précis au cours desquels la composition et notre perception émotive se rejoignent à un seuil critique où notre compréhension de l’image semble s’éloigner vers une trame plus socioculturelle.
Plus précisément, une des images, Paroxysme, (Porte) 2006, montre la femme presque empalée, inanimée, qui gît en équilibre sur le dessus d’une porte. Il est certain que nous sommes touchés devant ce qui nous semblera horrifiant. Pourtant, les codes nous amènent vers une critique sociale et féministe de cette violence, et un regard plus entraîné mettra en évidence leur rapport à la "tradition picturale romantique". Par exemple, dans certaines photographies, les poses sont sans aucun doute influencées par les peintures de David, Delacroix et même Géricault.
Kinga Araya, Porte, 2006, impression photo numérique sur toile. Imprimé à Sagamie. |
En plus, les compositions sont présentées en diptyques, c’est-à-dire qu’Araya juxtapose à chacune des images de mise en scène celles de ce même espace mais vacant. En ayant recours à une telle stratégie, l’artiste campe bien le sujet dans des lieux quelconques, nous offrant ainsi une vision loin de l’artifice et du spectacle liés à la tradition picturale, et revient éloquemment à la question de la violence cachée ou domestiquée. Ce travail nous touche car il est recadré plus intimement et est proche de nous grâce à cette façon de présenter les images.
Les photographies de Kinga Araya présentent un aspect très actuel de l’art, qui se base sur une économie d’éléments iconographiques afin de garder un cadre de référence très serré et contrôlé par l’artiste (proche de l’humour ou de l’ironie). Ces démarches de plus en plus personnelles pour aborder le monde semblent enfin renouveler notre étonnement face à la réalité, mais surtout à la diversité.
Jusqu’au 6 mai
Au centre d’exposition Art-image
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