Chantal Gilbert : Sculptures à double tranchant
Arts visuels

Chantal Gilbert : Sculptures à double tranchant

Avec Points de rupture, une exposition de sculptures présentée au centre MATERIA, Chantal Gilbert, artiste de renommée internationale, prouve incontestablement qu’elle a du talent.

Joaillière, coutelière, sculpteure, professeure, conférencière… Le nom de Chantal Gilbert est synonyme de prestige, en particulier dans le monde de la coutellerie, et en général dans le monde des arts visuels. Après avoir complété une maîtrise en arts visuels à l’Université Laval – elle figure sur le tableau d’honneur du recteur (2000) -, elle suit les ateliers du maître bordelais de l’orfèvrerie Roland Daraspe (2005). C’est peut-être ce qui aura été l’événement déclencheur pour Gilbert, ce qui la confortera, en quelque sorte, dans le sentiment qu’elle doit mélanger les deux pratiques artistiques qu’elle connaît le mieux, à savoir la fabrication de couteaux – elle a participé à nombre d’événements internationaux de coutellerie d’art et de collection depuis le début des années 80 – et la sculpture.

Le résultat de cette hybridation, de ce choc des cultures, des pratiques et des techniques, est impressionnant. De surcroît, Gilbert utilise des matériaux d’une telle rareté qu’on a du mal à croire qu’ils existent véritablement, tels ces morceaux de défenses de mammouths incrustés, comme le seraient des joyaux dans une couronne, à l’intérieur des sculptures aux angles aigus! Ou devrions-nous plutôt dire aux angles aiguisés, parce qu’il ne faut pas penser que du jour au lendemain, Gilbert a perdu la passion qui l’anime? Autrement dit, toutes les oeuvres que nous trouvons dans cette exposition ont la forme, du moins l’apparence, de couteaux. Et comme le dit l’artiste, "le couteau coupe le pain et permet la chirurgie. Il incarne le pouvoir, suggère la rupture, les pactes sacrés, la survie, la mort, le cirque et ses lanceurs, la délinquance urbaine ou les mutilations tribales. Aussi commun soit-il dans notre société, le couteau est un objet controversé".

Faut-il pour autant le bannir, l’honnir, comme cela fut fait pour la technique rhétorique? Doit-on punir les objets dont certains ont fait un mauvais usage, sous prétexte qu’ils peuvent servir à faire le mal? Bien sûr que non! On ne met pas en prison le couteau ni la rhétorique, mais bien plus le criminel qui a tué et le rhéteur qui a trompé.

C’est pourquoi cette exposition est à la fois une réflexion sur les origines de nos violences coutumières et de nos débordements, tout autant qu’une pensée sur nos prouesses technologiques et leurs limites, que l’artiste n’a de cesse de repousser.

Au centre MATERIA
Jusqu’au 27 mai
Voir calendrier Arts visuels

ooo

BOTERO, ENCORE ET ENCORE!

Devant l’immense succès remporté par l’exposition L’Univers baroque de Fernando Botero, le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) a décidé de prolonger d’une semaine l’événement pictural de l’hiver à Québec. Jusqu’au 29 avril au MNBAQ.