Laissez au vestiaire : Nu
Dans Laissez au vestiaire, Lise Barbeau déshabille l’image que l’on projette. Elle regarde sous notre costume pour y découvrir le vrai être qui s’y cache.
Peuplée de romantiques manteaux effilochés et de toiles lumineuses, Laissez au vestiaire range dans le placard notre image première, cette épaisse carapace… "Et tout ce qu’on accumule", ajoute doucement la peintre Lise Barbeau. "Bon, j’ai un certain âge… On accumule plein de choses dans notre vie. Et il vient un temps où il faut s’alléger un petit peu et être plus dans le moment présent, dans la vie autour."
L’artiste part ainsi à la vraie rencontre des gens. Elle s’intéresse à leur fragilité, voire à leur âme. C’est par ailleurs son expérience avec la compagnie de théâtre L’Eskabel qui a servi de point de départ à cette réflexion. "En avançant en âge, je pense qu’on se rapproche de soi-même et qu’on peut faire le ménage. Bon, "le ménage", ce n’est pas bien dit, mais on s’allège… Comme j’ai travaillé les décors avec L’Eskabel pendant les trois dernières années, je me suis dit que j’allais utiliser l’idée du manteau. En arrière du costume, il y a des gens qu’on connaît très peu. C’est juste l’image qui est là et on ne la dépasse pas", pense-t-elle. Et que reste-t-il une fois le costume enlevé? "C’est la légèreté, mais pas la légèreté insouciante. Il y a des choses qu’on traîne et qui sont lourdes, mais qu’on n’est pas obligé de traîner. Souvent, on garde ça longtemps et on retourne dans le passé… Plus on en enlève, mieux on est dans le présent", clame la peintre.
Ce bien-être, Lise Barbeau l’exprime dans ses toiles par un choix de couleurs vibrantes: le jaune, le rouge, le bleu, le vert. "Il y a beaucoup plus de lumière", admet celle qui préfère habituellement les teintes ocre. Au premier coup d’oeil, cette métamorphose surprend. "Pour moi, c’est d’essayer plein de choses et d’être disponible à ce qui se passe, à la beauté. […] Je trouve que c’est normal aussi; ça fait presque 20 ans que je fais de la peinture, et j’étais très conservatrice de mes couleurs." Ce changement lui a donné malgré tout quelques vertiges. "Quand je suis allée plus vers le jaune et le vert, là, ça a fait: "Oh!" Mais, j’aimais ça aussi; je découvrais finalement que je me retenais d’utiliser ces couleurs-là, que je trouve plus lumineuses."
Outre les tableaux, l’amoureuse de la mer a confectionné quelques costumes, qu’elle a ensuite défaits. À l’entrée de l’exposition, ce sont donc des manteaux en lambeaux qui accueillent les visiteurs. "Je les ai faits, je les ai teints, je les ai défaits, je les ai déteints. C’est l’idée de faire et de défaire, d’enlever ce dont on est sûr. Je pense qu’il faut descendre de notre piédestal. Il faut se débarrasser de nos grandes vérités. Il faut revenir au départ et peut-être que ça va changer nos idées…" réfléchit Barbeau.
Jusqu’au 13 mai
Au Centre d’exposition Léo-Ayotte
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