Frédéric Back : Semer la beauté
Frédéric Back. Son nom évoque d’emblée le magnifique film L’Homme qui plantait des arbres. Pourtant, l’homme a bien plus d’une réalisation dans son sac… Entrevue.
Il y a deux ans, l’Atelier Frédéric Back amorçait la construction d’un site web dont l’objectif est de faire connaître en profondeur toutes les facettes de l’homme: cinéaste d’animation, peintre, dessinateur et, avant tout, écologiste engagé. Travail titanesque… C’est aujourd’hui près de 5000 oeuvres inédites qui sont rassemblées à l’enseigne www.fredericback.com.
D’autre part, l’Espace Création Loto-Québec, de concert avec Radio-Canada, a décidé de faire découvrir les nombreux trésors cachés de l’artiste dans une exposition rassemblant des étincelles de vie: oeuvres de jeunesse, carnets de voyage, correspondances, story-boards, et bien plus encore. La liste des prix, récompenses et mentions reçues par l’artiste né en 1924 étant étourdissante, ajoutons simplement qu’au cours de sa longue et fructueuse carrière, Frédéric Back a récolté pas moins d’une centaine de prix, dont deux Oscars.
Comment êtes-vous tombé amoureux de l’art?
"J’ai grandi à Strasbourg et vécu à Paris, des villes où l’architecture illustre des siècles de créations remarquables. Mon père étant musicien, les concerts, opéras et musiques traditionnelles m’étaient familiers. J’aimais dessiner les chevaux, alors nombreux dans les villes, et les animaux de ferme, captés lors de séjours à la campagne pendant les vacances. Les animaux sont des oeuvres d’art en mouvement; ils sont restés mes modèles favoris, des Beaux-Arts de Rennes jusqu’aux dessins animés que vous connaissez."
Quel est votre principal moteur de création?
"Le désir de rendre un peu de ce que j’ai reçu de la part d’un maître talentueux, M. Méheut, ainsi que de personnes généreuses, idéalistes et inspirantes. J’ai eu le privilège de participer à la naissance de la télévision française de Radio-Canada et de travailler sur des thèmes passionnants, instructifs et d’une portée universelle, auxquels ce média a donné un rayonnement considérable."
Quels sont les artistes ou créateurs qui vous ont le plus inspiré?
"Wilhelm Busch, Gustave Doré. Ensuite, Mathurin Méheut aux Beaux-Arts de Rennes et Maurice Félix, à l’École du Meuble de Montréal, pour ses analyses pédagogiques. Et depuis toujours, Breughel, Léonard de Vinci, Goya, les Nabis, les Impressionnistes, puis Chagall, Le Groupe des Sept, Clarence Gagnon… Mais comment limiter à quelques noms le dessin, cette prodigieuse invention née dans les cavernes de la préhistoire?"
De quoi êtes-vous le plus fier?
"D’avoir pu contribuer à sonner l’alarme dès 1968 grâce à la SVP (Société pour Vaincre la Pollution), et par la suite avec les films d’animation produits par Radio-Canada qui ont fait le tour de la planète. Malheureusement toujours d’actualité, ils continuent de faire leur travail grâce aux DVD distribués en Amérique, en Europe et en Asie. Le site www.fredericback.com, réalisé par l’équipe de notre fille, Süzel Back-Drapeau, contribue aussi à informer et stimuler une prise de conscience tardive, mais salutaire. Nous l’espérons!"
Et une dernière chose…
"Les problèmes environnementaux sont des problèmes universels, qui ont été longtemps étouffés par tous les profiteurs sous la notion factice de "progrès". Je reste persuadé que tout créateur a une responsabilité en regard du destin du monde et de la façon dont l’humanité se comporte. Voilà."
Jusqu’au 5 août
À l’Espace Création Loto-Québec
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