Enkhsoyol Bayanmonkh : Au pays de Gengis Khan

L’artiste, née en 1976 à Ulaanbaatar en Mongolie, et qui y vit et y travaille toujours, n’est pas encore venue à Québec. Et pour cause, les peintres sont en Mongolie ce que les mendiants sont au Québec, et partout dans le monde, des êtres humains qui vivent de ce que la rue veut leur donner. Ni subvention, ni mécénat, ni bourse; l’art est en Mongolie bien peu de chose, et pour les dirigeants politiques, et pour la société civile.

Par chance, il y a des gens à l’âme humanitaire qui se meuvent de régions pauvres en régions riches, de contrées souffrant de famine en contrées souffrant d’opulence, dans le but d’aider les pauvres et de faire connaître les arts visuels étrangers qu’ils côtoient à leur communauté, en important des oeuvres anthropologiquement intéressantes et artistiquement fascinantes.

Toutes les toiles – réalisées en 2003 – exposées dans l’espace de la librairie réservé à la galerie ont été achetées par Le Vaisseau d’Or à Khamtaar/Faire ensemble, un organisme sans but lucratif "fondé afin de dynamiser des projets de recherches anthropologiques et de coopération internationale".

Les nouveaux propriétaires de ce corpus, sûrement charmés par l’esthétique mongole de la peintre, où l’imagination se conjugue avec la minutie propre à l’art asiatique, où les chevaux en mouvement, les yourtes villageoises, les amours audacieuses et les guerriers à l’attaque nous transportent dans l’exotisme artistique mongol, ont de quoi être fiers de leurs acquisitions.

Et s’ils peuvent être fiers de les posséder, ils peuvent l’être tout autant d’offrir la chance au public de Québec de contempler ces toiles, qui font rêver et réfléchir tant par leur caractère iconographique que par le souci de l’artiste de dépeindre la beauté de la tradition à laquelle elle appartient. Ces images représentent donc une vision, celle d’un mode de vie tel qu’il a été et tel qu’il est vécu par les populations de la Chine septentrionale.

On sort grandi et instruit de cette exposition. On garde en mémoire les traits sensibles du pinceau apposés avec délicatesse et les couleurs chatoyantes des huiles, les formes rondes des personnages et les courbes particulières des mouvements qu’on observe avec l’étonnement aristotélicien, à savoir celui qui nous pousse à vouloir connaître toujours plus.

Jusqu’au 20 mai
À la librairie Le Vaisseau d’Or
Voir calendrier Arts visuels

CARNET

GUÉRIR PAR LES ARTS?

L’organisme Folie/Culture organise l’événement Le Dispensaire Folie/Culture du 15 au 18 mai. Cette activité inédite offre "une médecine de la marge en occupant divers secteurs de la ville afin de prodiguer un remède métaphorique aux troubles de l’âme en milieu urbain". On souhaite ainsi donner aux citadins les joies que procure l’ataraxie. Pour ce faire, l’organisme a invité Mélanie Bédard, Johanne Gagnon, Éric Létourneau et Mario Duchesneau à faire des "actions artistiques à but curatif […] afin de débusquer de nouveaux points de convergence entre la santé mentale et l’action artistique [en utilisant] une approche dissidente de la médecine technologique qui persiste à voir le corps comme le résultat d’un déterminisme mécaniste". À noter qu’il sera possible de localiser chacun des artistes sur le territoire de la ville, à partir du 15 mai, en consultant une carte mise à jour quotidiennement sur le site de Folie/Culture à l’adresse suivante: www.folieculture.org.

SUGGESTIONS RELÈVE

Trois expositions de la relève débutent les 10 et 11 mai: celle de Maude Bouchard, L’Affiche comme mode d’expression d’un graphisme d’auteur à portée sociale, à la Galerie des arts visuels (UL) jusqu’au 13 mai, celle de Julie Savard, Biocénose, où l’artiste présente ses plus récentes sculptures inspirées de la nature, à la Galerie Louise-Carrier jusqu’au 3 juin. Et, finalement, celle des finissants et finissantes en design graphique (UL), Marque de fabrique, à l’École des arts visuels, 225, boulevard Charest Est, jusqu’au 20 mai.