La Salle de montre : Mélange des genres
Arts visuels

La Salle de montre : Mélange des genres

Si vous allez voir La Salle de montre à L’OEil de poisson, il ne vous sera pas possible de faire la différence entre ce qui est de la publicité et de l’art, tout simplement parce que les artistes ont justement cherché à brouiller les repères.

Cette exposition, dont le commissariat a été assuré par Geneviève Pelletier, se veut hybride. En invitant, par exemple, le trio Rita – trois jeunes créateurs montréalais issus du design (Stéphane Halmaï-Voisard, Francis Rolin et Karine Corbeil) -, la commissaire voulait jeter les bases d’une ambiguïté, à tout le moins proposer un questionnement: le design et la publicité sont-ils de l’art ou l’art est-il tout sauf du design et de la publicité? Autrement dit, les designers ou les publicitaires sont-ils des artistes? Et si oui, leurs oeuvres ont-elles leur place dans les centres d’artistes?

Nous sommes bien tentés de dire oui. Pourtant, il reste des irréductibles qui défendent per fas et nefas le contraire. Mais peu importe, finalement, ce qu’en pensent certains individus. L’important, c’est la manière dont les créateurs d’une oeuvre la présentent et l’effet qu’elle a sur ceux qui la regardent.

Si l’effet persuasif d’une image découle d’une rhétorique utilisée dans le seul et unique but d’attirer le regard pour vendre un produit, on pourra dire sans ambages qu’elle n’est pas une oeuvre d’art, car l’image sera perçue uniquement comme un moyen d’arriver à une fin: faire de l’argent. Cependant, si l’effet recherché par la rhétorique de l’image, quel qu’il soit, est atteint, sans que ce langage visuel ait eu pour ultime finalité d’attirer le regard afin de vendre un produit, on pourra alors affirmer qu’il s’agit d’une oeuvre d’art, puisque l’image ne sera pas qu’un moyen de persuader, elle sera aussi, et surtout, un moyen de communiquer. Le problème, c’est qu’une oeuvre visuelle demeura toujours un moyen de communiquer.

Comment, dans la mesure où l’on pose le problème de la sorte, tracer les frontières qui séparent la publicité de l’art? Et une fois que nous avons établi ces frontières, comment peut-on les maintenir sans tomber dans le dogmatisme?

En faisant le choix d’évoquer le caractère publicitaire de l’art et l’aspect artistique de la publicité, d’autres artistes de l’exposition, comme le duo Doyon-Rivest avec son projet Thanks for Being There, donnent une réponse satisfaisante. Cette série de photographies, qui s’inspire largement de l’industrie publicitaire en affichant un logo dans chacune des oeuvres, expose ingénieusement le fait qu’il n’existe pas de frontières, si ce n’est celles que le duo décide d’établir.

Et que dire de Scholf, une vingtaine d’oreillers suspendus au mur par des cordes et sur lesquels on peut voir des photographies de gens endormis, mis à part le fait que l’artiste Eva Van Den Bulcke représente admirablement cette ambiguïté dont nous parlions au début? L’artiste est diplômée en design graphique de l’UQAM (ce qui en fait une publicitaire?) et en photographie de l’Université Concordia (ce qui en fait une artiste?); la commissaire ne pouvait trouver une meilleure collaboratrice pour expérimenter ce type d’exposition en train de devenir la nouvelle marque de commerce des arts visuels! On ne s’en plaindra pas; le résultat est un heureux mélange des genres.

À la grande galerie de L’OEil de poisson
Jusqu’au 17 juin
Voir calendrier Arts visuels

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CARNET

LA COMEDIE HUMAINE

Carlos et Jason Sanchez, qui vivent et travaillent à Montréal, sont d’excellents photographes. C’est pourquoi, malgré leur jeune âge, ils ont déjà présenté leurs travaux au Paris Photo (2005), au Scope Art Fair de Miami (2005) et au Contact de Toronto (2007). Ils nous proposent au centre VU, jusqu’au 10 juin, une exposition au contenu troublant et percutant. Avec A Walk Through Life, ces deux frères abordent par des mises en scène efficaces des réalités qu’on aimerait oublier. À voir absolument.

FINIR EN BEAUTE

L’exposition des finissants en arts plastiques de l’Université Laval est l’occasion de découvrir les résultats des efforts qu’ils ont investis dans les trois années d’études qu’ils ont suivies, et qu’ils parachèvent par cette exposition collective. L’exposition est présentée du 25 mai au 3 juin 2007 dans l’Édifice de la Fabrique, au 255, boulevard Charest Est (vernissage le 25 mai).