Diane Morin : Et la lumière fut
Arts visuels

Diane Morin : Et la lumière fut

Diane Morin signe une installation vidéo extraordinaire. Elle est accompagnée d’un autre jeune artiste tout aussi talentueux, Chih-Chien Wang.

Aimez-vous les films d’horreur ou les thrillers? Aimez-vous comment, dans ce genre de film, le décor anodin de nos vies se retourne et devient porteur des pires frayeurs? L’ambiance générale de cette installation vidéo fera, entre autres, penser au film The Others (avec Nicole Kidman) où, dans la pénombre de sa demeure, l’héroïne qui entend des bruits prend un certain temps à voir et surtout à comprendre ce qui la hante ainsi.

L’installation de Diane Morin, intitulée Effondrements, nous plonge dans une pièce totalement obscure. Avant de voir quoi que ce soit, le visiteur entendra des bruits non identifiables. Puis soudainement, juste un court moment, tel un fantôme, apparaîtra sur le mur une forme énigmatique, sorte d’ectoplasme… Quelques instants plus tard, une autre image surgira, tout aussi rapidement, en suivant le même protocole. Ce n’est qu’au bout de deux ou trois de ces "visites" que le regardeur arrivera à nommer ce qui ainsi vient le saisir. Si vous ne voulez pas que je vous donne le punch, ne lisez pas la suite et courez voir cette expo fascinante. Pour ceux qui adorent me lire, disons que ces formes inquiétantes ne sont que des objets d’une grande banalité. Je vous laisse le plaisir de les reconnaître. Néanmoins, expliquons que Morin a développé une méthode qui consiste à placer dans divers objets de petites quantités de poudre explosive à laquelle elle met le feu. Cela crée un fugace halo intérieur. Elle a filmé le tout, qu’elle nous livre dans cette mise en scène. Le résultat est assez spectaculaire et évoque les flashs incandescents des anciens appareils photo qui, le temps d’une lumière, prenaient vie en éclairant l’espace environnant.

Il faut absolument aller voir cette installation de Morin. Une des oeuvres les plus réussies de la saison. Cette artiste, qui s’était déjà fait remarquer à la Galerie Circa en 2005 et lors de la Biennale de sculpture contemporaine de Trois-Rivières en 2006, vient de recevoir la bourse de recherche offerte par le Conseil des arts et des lettres du Québec dans le cadre de l’entente de résidence entre Optica et Art3, à Valence. J’attends avec impatience la suite de son travail.

Chih-Chien Wang

Il fut très remarqué à l’automne 2005 lors de son exposition à la Galerie Thérèse Dion (qui, décidément, multiplie les découvertes de nouveaux talents). Le Musée d’art contemporain avait alors rapidement acheté des oeuvres de Chih-Chien Wang, jeune artiste débarqué à Montréal de Taiwan en 2002. Il poursuit ici son travail photographique, mais met aussi en place des vidéos où image et narration entretiennent de riches rapports. Dans ses plus récentes créations, il met en scène une nouvelle venue, un personnage fictif, Yushan, jeune femme récemment arrivée à Montréal. Dans les images de Wang, tout comme chez Morin, les objets du quotidien semblent empreints d’une valeur symbolique indéniable, je dirais même d’un poids… Des insoutenables lourdeur et beauté du monde.

Jusqu’au 16 juin
Au centre d’art contemporain Optica
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À voir si vous aimez
Les thrillers (dans le cas de Morin)
Les photographies de l’Allemand Wolfgang Tillmans (pour Wang)