Patrick Coutu : Conte fantastique
Patrick Coutu est de retour à la Galerie René Blouin après deux ans d’absence. Une expo extrêmement bien installée, comportant de réelles surprises.
L’atmosphère générale de cette expo est tout à fait réussie. Le jeune artiste Patrick Coutu, avec des objets de natures très diverses, des sculptures et des dessins d’un éclectisme raffiné, installés avec justesse, a créé une présentation impeccable. Voilà une manière de faire bien actuelle dans le milieu de l’art actuel.
Il est fini le temps où les artistes exposaient des oeuvres indépendantes qu’on essayait de simplement bien accrocher. De nos jours, même quand l’artiste ne fait pas à proprement parler d’installation, il se doit de penser à son expo comme si cela en était une. Les liens avec le lieu sont devenus incontournables. Si on avait besoin d’en être convaincu, la participation récente de Geneviève Cadieux à l’expo Rendre réel à Ottawa a encore souligné ce fait… Cadieux y proposait une photo tout en tapissant les murs d’un papier peint évoquant le motif du tapis du lieu de présentation. Une réussite. À l’opposé, à la Biennale de Montréal cette année, cette justesse installative faisait très souvent défaut.
Coutu, quant à lui, occupe superbement bien son espace. Cela dit, je ne suis pas sûr que toutes les pièces par elles-mêmes soient aussi intéressantes. Cette expo est à la croisée du cabinet de curiosité (référence moins captivante) et de l’espace très design. Ses gouaches (intitulées Orbites) renouent astucieusement avec l’action painting. Mais ces motifs en arabesque ont un je-ne-sais-quoi d’ornemental qui me semble évacuer l’aspect plus dérangeant et sale des drippings et splashings de Pollock. Ces gouaches évoquent même un beau tissu molletonné et cousu de jolis motifs… Très chic. Peut-être trop…
Il y a aussi des pièces intenses. Le bronze intitulé Vent soudain, par exemple. Vous y verrez une maquette d’un paysage tourmenté et tout noir où la perte d’échelle (les arbres et les nuages sont trop grands) accentue l’effet "conte fantastique" de l’ensemble. Une oeuvre qui montre comment Coutu met en scène la fragilité du monde. Quant à elle, la vitrine (Schème) remplie de faux coraux (en porcelaine), posés sur une plaque de marbre sombre, dépasse rapidement la joliesse inhérente à ce type de dispositif et évoque une atmosphère d’ensorcellement. Là, Coutu interpelle le décoratif pour en extirper toute son étrangeté.
Jusqu’au 30 juin
À la Galerie René Blouin
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