Que voir cet été? : Visions d’été
Que voir cet été à Montréal et aux alentours? Notre critique nous propose ses choix: Nauman et Almond au MAC, le Streamline au MBA, Marie-Claude Pratte à Joliette…
Le Musée d’art contemporain (MAC) lance une nouvelle tradition. Et la phrase de cruise de cet été sera peut-être: "Tu viens lounger avec moi ce soir au MAC?"
En effet, vous aussi voudrez peut-être aller vous prélasser dans l’ambiance hyper-branchée du MAC, tous les premiers vendredis du mois de 6 à 9, pour y entendre des performances musicales live en vous délectant d’un cocktail créé pour vous par Mixoart & Fluid Flair, pour ensuite y faire une visite guidée de l’art qui est in et hot ces jours-ci (les 6 juillet, 3 août et 7 septembre). Vous en profiterez pour expérimenter les réalisations d’un des dix artistes les plus chers au monde, Bruce Nauman, avec ses vidéos montrant des clowns tonitruants ou ses oeuvres de néons qui brillent comme les affiches à Broadway (jusqu’au 3 septembre). Si vous m’y voyez, laissez-moi siroter mon Manhattan tranquille… Je serai certainement là pour y savourer aussi le nouveau vidéo du Britannique Darren Almond qui, avec In the Between, poursuit sa série sur les trains mythiques (jusqu’au 8 juillet), ou pour y regarder une série de vidéoclips (dès le 11 juillet).
Au Musée des beaux-arts (MBA), même s’il vous reste jusqu’au 24 juin pour explorer l’univers citationnel de Disney, je vous conseille davantage l’expo sur le design américain, qui s’intitule Streamline de 1930 à nos jours. Alors que l’on projette de détruire le restaurant Ben’s (un bel exemple du design de cette époque), voilà de quoi nous rafraîchir la mémoire. Au MBA, il faudra aussi surveiller la rétrospective de la peintre canadienne Emily Carr (1871-1945), qui débute le 21 juin. Et puis, une surprise à l’affiche: le musicien, réalisateur, acteur (entre autres dans Down by Law) et artiste plasticien John Lurie exhibera ses aquarelles (dès le 28 juin).
Le Centre Canadien d’Architecture, quant à lui, honorera Bernard Rudofsky (1905-1988), architecte, designer, critique et socio-historien états-unien. Dans cette première rétrospective à lui être consacrée, le visiteur pourra appréhender l’univers très original et très critique de Rudofsky, qui a "remis en question les idées mêmes de confort et de culture dans le monde occidental". Du 4 juillet au 30 septembre.
CÔTÉ CENTRES D’ARTISTES ET GALERIES
Plusieurs centres d’artistes sont fermés, mais il y a de belles exceptions. Il reste encore plus d’une semaine pour aller voir deux expos bien intéressantes.
Il faut explorer la pléiade de petites oeuvres proposées par les membres et amis du Centre Skol. Avec une centaine de créateurs dont David Armstrong, Thomas Bégin, Mathieu Beauséjour, Nancy Belzile, Carl Bouchard, Cooke-Sasseville, Martin Dufrasne, Thomas Kneubühler, Maryse Larivière, Vida Simon, Julie-Andrée T., Myriam Yates… Jusqu’au 16 juin.
Il faut aussi se rendre chez Articule pour voir les images de Diana Shearwood, qui questionne la publicité alimentaire placée sur les camions de transport. Elle souhaite ainsi souligner notre "consommation insatiable", et comment ces moyens de transport polluent beaucoup pour pouvoir nous apporter le plus d’aliments frais possible, en dépit des saisons. Jusqu’au 17 juin.
Le centre DARE-DARE sera actif tout l’été. Il nous propose trois événements dans le tissu urbain, dans le parc sans nom (au coin de Saint-Laurent et Van Horne) et aux alentours: le Néerlandais Franck Bragigand interviendra sur les bouches d’égout (du 12 au 30 juin), Clément de Gaulejac réalisera un projet de signalétiques (du 7 juillet au 5 août), Alexandre David (à partir du 10 août) élaborera une sculpture mobile qui se transformera en place publique…
Un Suisse et une Française seront à Quartier éphémère. Rainer Eisch montrera "à l’aide d’un projecteur 16 mm des paysages artificiels, créés par animation virtuelle". Perrine Lievens métamorphosera, détournera de leur fonction des objets et éléments du quotidien: un balcon en néon, un nuage en sucre… Du 12 juillet au 26 août.
Chez les filles de La Centrale, il faudra surveiller l’événement-bénéfice multidisciplinaire Boom-Chix-A-Boom #4, qui accompagnera la vente trottoir sur Saint-Laurent (du 14 au 17 juin), ainsi que la performance et installation de Vida Simon intitulées Souffleuse (du 21 au 23 juin). En août, La Centrale nous offrira les Lesbians on Ecstasy.
Côté galeries, René Blouin et Roger Bellemare proposent des expos de groupe. L’une (intitulée Gris) réunira Nicolas Baier, Geneviève Cadieux, Pierre Dorion, Betty Goodwin, Pascal Grandmaison et François Lacasse (du 7 juillet au 18 août). L’autre permettra de retrouver des pièces de Maclean, Martha Townsend, Guido Molinari ainsi qu’une oeuvre rare de Charles Gagnon (du 16 juin au 11 août). Et puis chez Joyce Yahouda, Vincent Leduc, artiste qui cultive les canulars et l’impertinence, nous offre son Autoportrait en commissaire, installation qui brossera un portrait critique de l’art contemporain. Du 7 au 21 juillet.
CÔTÉ HISTOIRE
Le Musée d’archéologie et d’histoire Pointe-à-Callière, qui célèbre déjà ses 15 ans d’existence, reçoit tout l’été l’expo Premières Nations, collections royales de France, en provenance du nouveau Musée du quai Branly à Paris, spécialisé dans les arts premiers et qui a une des plus belles collections d’objets amérindiens. Vous y verrez divers artefacts amérindiens, pour la plupart offerts aux rois de France aux 17e et 18e siècles. Jusqu’au 14 octobre.
EN DEHORS DE MONTRÉAL
Le Musée d’art de Joliette fête ses 40 ans. L’été y sera bien rempli avec pas moins de quatre expositions. Et il y en a pour satisfaire tous et chacun…
Vous ne comprenez rien à l’art contemporain? La peintre et bédéiste Marie-Claude Pratte va tout vous expliquer. À travers une centaine d’oeuvres caricaturales, elle dresse le portrait de ce milieu qui, pour les non-initiés, semble étrange. Vous voulez mieux connaître l’art du portrait? Les tableaux d’Eric Simon vous permettront de mieux saisir l’actualité de ce genre. Vous voulez en savoir plus sur la photo? Il ne faudra pas rater la présentation des clichés faits par Lisette Model (1901-1983) et le célèbre Eadweard Muybridge (1830-1904), le premier à avoir capté les détails du mouvement d’un cheval au galop. Jusqu’au 2 septembre, à l’exception de l’expo de Model qui s’achève le 6 août.
Un peu plus loin en Mauricie, à Shawinigan, il ne faudra pas rater le solo de Carsten Höller, artiste allemand vivant en Suède. Après avoir été phytopathologiste et agronome-entomologiste, il est devenu un plasticien très ludique. Jusqu’au 30 septembre.
Et pour enluminer votre été, soulignons la présence d’une expo sur Le Phénomène Passe-Partout, au Musée québécois de culture populaire de Trois-Rivières. Jusqu’au 1er septembre.