Valérie Graftieaux : Ultime Liaison
Valérie Graftieaux est la plus récente artiste française à venir montrer son travail dans le cadre du programme de résidences croisées de Langage Plus.
De longues racines s’étirent jusqu’à crever la ligne d’horizon, se croisent et se tressent. C’est un peu ça, le programme Résidences croisées Alsace, France/Lac-Saint-Jean, Québec. Une rencontre improbable, qui pourtant se produit. Et qui se perpétuera au moins pour les trois années à venir. Cette fois, et jusqu’au 17 juin, c’est le travail de Valérie Graftieaux qu’il nous est donné de voir.
Il y a les racines, prolongement subtil et invisible, qui attachent et retiennent. Il y a les branches qui s’élancent, autant d’envolées vers le ciel. Puis il y a les semences qui se répandent, un peu de soi vers l’ailleurs. Avec Valérie Graftieaux, une liaison existe entre toutes choses, un lien n’ayant besoin d’aucun noeud pour nous voir attachés. C’est le cas de tous ces lecteurs attentifs, que l’artiste a croqués à la bibliothèque d’Alma en prenant bien soin de mettre en lumière ce lien intangible.
Différents procédés de traitement de l’image qui sont propres à l’artiste – et qu’elle jalouse à raison – apportent à ses photos un aspect insolite. Ses dents de sagesse, par exemple, rappellent un développement holographique, alors que les semences envahissant le mur du fond de la galerie ont cet aspect que seul le dessin semble pouvoir rendre. Parmi elles, pourtant, se trouvent des photos de semences recueillies au parc national de la Pointe-Taillon.
La salle est flanquée d’oeuvres des plus captivantes. Les arbres sans tronc de Graftieaux ont cette présence quasi éthérée qui leur confère une prestance hypnotique. Notre regard court au gré des ramifications éparses qui se croisent et se fuient, devenant LA métaphore graphique par excellence, celle qui semble pouvoir tout illustrer: le mystère de la vie – du système sanguin aux exploits électrochimiques du cerveau, en passant par la complexité du système nerveux -, l’étalement anarchique du grenouillant empire humain qui s’arroge mainmise sur toute géographie, les rapports sociaux entre les individus et le trait imprévisible d’un parcours de vie.
Les oeuvres de Graftieaux enfoncent leurs racines dans l’esprit et y restent attachées, à condition de se laisser suivre toutes leurs possibilités.
Jusqu’au 17 juin
À Langage Plus
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