McLeod : Le coeur s’embrouille
Arts visuels

McLeod : Le coeur s’embrouille

McLeod, après une année d’inactivité, a repris le pinceau. Hanté par les mêmes questions, il a réalisé Enchevêtrée, une expo qui s’inspire de nos prisons intérieures.

Pour McLeod, créer s’apparente à une thérapie d’exutoire. "Je suis un grand malade pour qui chaque toile est un symptôme", répète-t-il. Enchevêtrée, quoique née de manière inopinée, n’échappe pas à cette règle.

"Mon sujet, c’est toujours l’humain. Que je le veuille ou non, c’est moi qui se cherche à travers ça. Un moment donné, je ferai peut-être autre chose. Mais ça se passe comme ça: je peins et je deviens un peu fou!" raconte l’artiste qui travaille également comme informaticien. Fou? "Dans le sens que ça me dérange, que ça m’épuise. Je ne peins pas dans la joie. D’un autre côté, je sais que je vais toucher à des portions de moi qui sont profondes. Et là, c’est représenté par le corps féminin parce qu’il est un excellent véhicule pour évoquer les émotions passives."

Enchevêtrée s’inspire en effet des courbes voluptueuses de Lili Desrochers, sa meilleure amie et partenaire de création. "Ce que je voulais exprimer, c’est la turpitude, les méandres de notre esprit – je suis bien mélangé ces temps-ci. J’ai eu le flash de corps déformés. Et j’ai demandé à Lili: "As-tu deux heures à perdre?"" McLeod raconte qu’il a ensuite pris quelques clichés: "Les photos étaient tellement belles que ça ne m’a plus tenté de déformer le corps."

Ainsi, il présente cinq photographies en noir et blanc, et cinq toiles rouge passion où les doigts de ses personnages deviennent de longs fils qui s’entortillent. "Enchevêtrée, ça veut juste imager nos propres problèmes. Je considère que le plus grand défi qu’on a en tant qu’être humain, c’est de se comprendre soi-même et de vaincre ou d’accepter tout ce qu’on se forge comme prison et les émotions qui en découlent."

Chaque tableau met en scène une femme seule, sauf le dernier qui en montre plusieurs. "J’avais fini les quatre premières toiles. J’étais complètement épuisé. Souvent, ce que je fais à la fin d’une exposition, c’est une toile de défoulement. La plupart du temps, cette toile-là n’est pas belle et ne va nulle part. Là, j’ai sorti le trop-plein de façon plus libérée. En la faisant, j’ai même senti du plaisir. Celle-ci a été faite avec moins de rigidité. Je me suis plus laissé aller et ça m’a ouvert une porte sur la prochaine exposition", conclut celui qui se sent de plus en plus attiré par le non-figuratif.

Jusqu’au 6 août
Au Gambrinus
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