Daniel Corbeil : Bulle, envole-toi!
Fasciné par les machines volantes, Daniel Corbeil propose une exposition hautement divertissante à la galerie du Centre culturel de l’Université de Sherbrooke. Parés pour le décollage?
Avec son look intello, Daniel Corbeil pourrait facilement passer pour un inventeur, et c’est un peu ce qui le définit aussi. Dans son atelier, l’artiste originaire de Val-d’Or bricole des machines volantes, construit des paysages de toutes pièces, et a même conçu une combinaison de cosmonaute avec des sacs de viniers cousus.
Une partie de son exposition Trajets aériens a d’ailleurs été inspirée du journal de bord d’Auguste Picard, le premier homme à être monté dans la stratosphère. Corbeil n’est pas le seul à avoir été intéressé par son travail: Hergé aurait dessiné le professeur Tournesol d’après le même homme.
En entrant dans la galerie du Centre culturel, on est d’abord impressionné par l’oeuvre Hydrozoaire, une sorte de méduse géante construite avec du polythène, des sangles de tissu et des sacs de lest et qui se gonfle jusqu’à une hauteur de près de quatre mètres. Des enfants présents au vernissage y voyaient un immense cornet de crème glacée.
Les visiteurs peuvent aussi glisser leur tête dans la Nacelle pour expérimentation aérienne et voir des paysages à travers de petits hublots. "Les oeuvres de Daniel Corbeil sont espiègles et pleines de fraîcheur", fait remarquer le recteur de l’Université, Bruno-Marie Béchard, qui parraine l’exposition.
En plus d’être ludiques, les créations de Daniel Corbeil suscitent des réflexions sur la relation entre l’homme et l’environnement. L’oeuvre Biosphère, installée dans le foyer Mont-Bellevue du Centre culturel, est éloquente à ce titre. Ce qui ressemble à une araignée géante aux pattes de néon représente en fait une ville se déplaçant d’un emplacement à un autre pour la survie de ses habitants. "Le propre de la création, c’est qu’on peut suggérer toutes sortes de choses", souligne Daniel Corbeil, qui s’intéresse de plus en plus à la façon dont le paysage se transformera avec le réchauffement climatique.
Construisant ses projets de A à Z, le photographe, sculpteur et concepteur d’installations préconise la récupération dans ses créations, ce qui donne encore plus de portée à son message environnemental. "Dans mon travail, je joue beaucoup sur l’idée de la fiction à la limite du réel", ajoute-t-il. Sur une photo, on le voit d’ailleurs volant dans son habit d’astronaute.
Cette fascination pour les engins volants, Daniel Corbeil l’explique par son enfance en Abitibi. "Il n’y a pas de montagnes et quand tu regardes le ciel, il prend les deux tiers du champ de vision, raconte-t-il. Les machines volantes, c’est une façon d’aller explorer le paysage."
Jusqu’au 3 septembre
À la galerie d’art du Centre culturel
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