À la suite des nombreuses réactions provoquées par un article paru dernièrement dans cette chronique sur l’exposition d’Yves Tremblay au Lieu, nous avons décidé de répondre. Dans cet article, l’auteur de ces lignes s’en prenait aux pratiques de l’installation et de la performance. Notre rédacteur en chef, en réponse aux multiples commentaires, a affirmé qu’il arrive que la critique exagère.
Avons-nous exagéré? Certes, en faisant un procès généraliste sur tout un pan de pratiques actuelles en arts visuels, nous avons erré. Alors rectifions le tir.
Il est évident qu’il existe de bons artistes en art actuel qui parviennent à m’émouvoir et qui réussissent à éviter le pastiche dans ces domaines par ailleurs foisonnants. Seulement chez nous, on pense tout de suite à BGL, David Altmejd, Brian Jungen, Maurice Savoie, pour ne nommer qu’eux. On pense aussi à de nombreux artistes de partout dans le monde, comme Francis Alÿs, El Anatsui, Luca Buvoli, Leon Ferrari, Sophie Calle, Franz West, Nedko Solakov, tous présents à la Biennale de Venise, le plus grand événement international d’art contemporain.
Or, cela n’empêche pas plusieurs acteurs de la performance et de l’installation de se réfugier dans une liberté totale pour faire n’importe quoi, accolant à de bien savants bricolages ou d’habiles mises en scène une caution intellectuelle sans laquelle l’oeuvre demeure insignifiante, ou pire encore, révèle une navrante pauvreté discursive, esthétique et technique.
Cette pauvreté s’est manifestée dans l’exposition que je critiquais, et à laquelle il aurait été préférable de s’en tenir. Mais elle a réveillé en moi de désagréables souvenirs analogues, provoquant cette dérive qu’ont dénoncée les responsables du Lieu et autres pontes du milieu de l’art actuel à Québec.
Cet écart aura par contre permis, au cours des dernières semaines, de provoquer de nombreux débats. Malheureusement, certains de mes détracteurs n’ont eu comme seule défense argumentative de pénibles attaques personnelles – ce que je déplore.
De la même façon que les artistes ont eux aussi droit à l’erreur – que nous ne manquons et ne manquerons pas de critiquer -, souhaitons maintenant qu’ils accordent ce même droit au journaliste qui, soulignons-le ici, n’a pas pour autant l’intention d’ignorer les manifestations des domaines de l’installation et de la performance. Ni de les critiquer injustement.