Documenta : À la recherche de l'art perdu
Arts visuels

Documenta : À la recherche de l’art perdu

La 12e Documenta de Cassel, en Allemagne, ne marquera pas l’histoire de l’art du 21e siècle. Non-événement.

C’est une année médiocre pour la Documenta (qui, depuis 1955, a eu lieu tous les quatre ou cinq ans). Serait-ce que beaucoup de bons artistes sont à la 52e Biennale de Venise (qui se tient en même temps)? Serait-ce aussi le fait qu’a été monté non loin, à Munster, un important événement de sculptures publiques (présenté tous les dix ans depuis 1977) et que peu de temps auparavant avait lieu la 38e foire d’art contemporain de Bâle, en Suisse?

Quelles que soient les raisons, malgré "trois ans et demi de travail", "cinq cents oeuvres" d’une centaine d’artistes et un budget de 19 millions d’euros (25 millions de dollars!), cet événement sent le fond de tiroir. De salle en salle, le public attend la surprise et elle ne vient pas, ou si rarement… Le critique du Monde a parlé d’"absolu désordre"! Le commissaire Roger Buergel s’était pourtant fait connaître avec des expositions intelligentes, telles que L’art en conflit avec l’hyperbourgeoisie internationale et la petite bourgeoisie nationale en 2000, à Hanovre, ou Comment nous voulons être gouvernés en 2004, à Miami (traitant du concept de "gouvernementalité" du philosophe Foucault).

Le thème de cette année (La modernité est-elle notre Antiquité?) ne manquait pas de pertinence. Malheureusement, il a trop entraîné cet événement dans le nostalgique, créant un mauvais dialogue avec la fin des avant-gardes des années 50, 60 et 70, où la comparaison joue en défaveur des artistes actuels.

PRÉSENCES CANADIENNES

Dans ce contexte, les créateurs canadiens s’en tirent plus qu’honorablement. L’artiste torontois Luis Jacob déploie un hommage photo et vidéo à la modernité où le Canada et le Québec trouvent (chose rare à l’étranger) une belle place. Les visiteurs y découvrent une sélection d’oeuvres du 20e siècle, avec présentation de la danse de Françoise Sullivan, de la robe de viande de Jana SterbakAnnie Pootoogook (prix Sobey 2006), exposée récemment au Musée des beaux-arts de Montréal, exhibe des dessins sur le quotidien des Inuits en évitant encore l’exotisme et la mélancolie d’un monde ancien perdu.

Malgré ces oeuvres et quelques autres (photos de Zoe Leonard, vidéo d’Hito Steyerl, installation de Sheela Gowda, que nous avons vue à Montréal en 2001 à La Centrale…), cet événement intéresse plus pour les textes des diverses publications que pour les oeuvres elles-mêmes.

Jusqu’au 23 septembre
À Cassel (Allemagne)