Roadsworth : Quand l’art se politise
Peter Gibson, alias Roadsworth, et l’Action terroriste socialement acceptable (ATSA) d’Annie Roy et de Pierre Allard vont faire du 25e Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul une rencontre entre l’art et la politique.
Depuis le Refus global, les artistes du Québec ont compris une chose: l’art peut être un extraordinaire moyen de prendre part au débat politique. Un des plus beaux exemples contemporains de l’utilisation de l’art comme discours politique réside sans contredit dans les interventions urbaines de Roadsworth. Arrêté pour vandalisme (il détournait la signalisation routière par ses interventions picturales) en 2004, cet artiste, originaire de Toronto, a reçu un tel appui de la communauté artistique que la Ville de Montréal n’a eu d’autre choix que de faire marche arrière en passant d’une amende potentielle d’environ 200 000 $ à une peine de 40 heures de travaux communautaires… dans le domaine des arts visuels!
L’art public que pratique Roadsworth embellit la ville plus qu’il ne l’enlaidit. Raison pour laquelle la ville de Baie-Saint-Paul peut s’enorgueillir de recevoir pendant tout le mois d’août cet artiste qui revient tout juste de Londres, où il participait à une activité artistique entourant le départ du Tour de France.
Joint par téléphone à Montréal, Roadsworth nous explique sa démarche: "Pour faire ce que je fais, je m’inspire des lieux où je crée. Par exemple, je peins beaucoup de choses en fonction des lignes de la rue, je travaille donc souvent sur le plan horizontal. Mon idée, au départ, c’était de prendre des choses banales de tous les jours, des choses que l’on tient pour acquises, et de leur donner un autre aspect. J’aime bien transformer un élément banal en lui donnant un aspect poétique, tout en faisant une critique politique sur les automobiles. Je suis comme le satyre. Je critique notre vie de surconsommation, la culture de l’automobile et de la ville. Bref, je critique surtout la façon dont la ville a été dessinée et comment cela reflète la société de consommation. À Baie-Saint-Paul, je vais prendre la première semaine pour observer. Je veux faire quelque chose en ville, sûrement des pochoirs et de la peinture. Comme dans le passé, je vais faire des interventions qui s’intègrent à des éléments de l’infrastructure urbaine."
Pendant que Roadsworth sévira à nouveau, mais cette fois dans un cadre légal, l’ATSA, qui, selon les termes des artistes eux-mêmes, "crée et produit des interventions artistiques percutantes incitant à l’action citoyenne envers des problématiques sociales, environnementales et patrimoniales", prendra d’assaut la capitale culturelle canadienne de 2007 en présentant l’intervention politique Squat polaire, "une allégorie militante sur les changements climatiques transposant une famille d’ours polaires plutôt dépravée vivant dans une roulotte trash et ayant totalement perdu ses repères identitaires". Autrement dit, de la même façon que les fables de La Fontaine tentaient de moraliser, les deux fondateurs de l’ATSA tenteront d’élaborer une allégorie moralisatrice à partir d’une "relecture ironique de Boucle d’or et les trois ours".
Site de l’ATSA: www.atsa.qc.ca
Du 3 août au 3 septembre
À Baie-Saint-Paul
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DERNIERE CHANCE
Il ne reste plus qu’un mois pour voir l’exposition De Cranach à Monet: Chefs-d’oeuvre de la collection Pérez Simón au Musée national des beaux-arts de Québec. D’une richesse incroyable, cette collection vaut la peine d’être vue. Plusieurs des grands peintres européens du XVe au XIXe siècle sont à l’honneur. Une occasion à ne pas manquer. Jusqu’au 3 septembre.