Touriste : Carnets de voyages
Touriste: à ceux qui veulent voir du pays cet été… sans quitter la charmante capitale.
L’exposition Touriste bat son plein à la Galerie d’art d’Ottawa depuis le 30 juin dernier. Organisée par la conservatrice Catherine Sinclair, elle présente diverses créations picturales tirées de la collection Firestone d’art canadien. À titre informatif, ce regroupement d’oeuvres en compte près de 1600, toutes signées par des artistes canadiens ayant laissé leur marque au cours de l’histoire. Datant des années 1920 à 1980, ces acquisitions sont dévoilées par la Galerie d’art d’Ottawa, qui organise des expositions mettant en valeur ce précieux trésor appartenant à la Ville d’Ottawa. "Beaucoup d’oeuvres de la collection Firestone dépeignent des scènes provenant de l’extérieur du Canada", commente la commissaire. "Je voulais poser la question suivante: qu’est-ce que ces artistes ont appris puis ramené à la scène artistique canadienne, quelles sont les différences entre leurs créations d’ici et celles de leurs voyages?"
Les habitués des galeries d’art canadien du Musée des beaux-arts, rue Sussex, seront certainement ravis de retrouver les essais visuels des peintres Maurice Cullen, Edwin Holgate, A.Y. Jackson, Jean Paul Lemieux, Arthur Lismer et tant d’autres. Car il s’agit bien d’oeuvres esquissées, pour la plupart de petit format, réalisées dans la première moitié du XXe siècle. Les réalisations sont souvent dessinées au fusain, à l’aquarelle et à la mine de plomb, laissant transparaître toute la spontanéité imaginative des créateurs. C’est une chance inouïe, pour le spectateur, que de pouvoir se faire l’observateur de milieux étudiés sur le vif tout en étant témoin de la facture d’un artiste de renom.
Edwin Holgate, Concarneau, France, II, 1921, aquarelle et fusain sur papier, collection Firestone d’art canadien. |
Plusieurs de ces ébauches semblent sortir tout droit d’un cahier à croquis, le papier jauni conservant tant bien que mal les traces de l’image entamée. On remarque le rythme varié des gestuelles, le caractère hétérogène dans la ligne. Par exemple, les encres sur papier d’Henri Masson exhibent un trait de pinceau vif et saccadé, avec des hachures qui remplissent rapidement les volumes. Même sa scène Guadeloupe, réalisée aux pastels gras avec un lavis d’aquarelle, est abondamment saturée, puisqu’on distingue à peine la volaille aux pieds des dames figurant au centre de la représentation. Les esquisses d’A.Y. Jackson, quant à elles, comportent plus de détails sur le sujet, souvent des maisons et des paysages boisés, avec un jeu d’ombres, de lumière et de formes exécutés parcimonieusement. Les croquis de l’artiste contrastent terriblement avec ses huiles sur panneaux aux couleurs sombres et sur lesquelles les lois de la perspective sont moins évidentes.
Un coup de coeur de la conservatrice: Bechuanaland (1936), d’Arthur Lismer, peintre du Groupe des Sept invité par le gouvernement d’Afrique du Sud à enseigner l’art plastique aux adultes et aux enfants. Cette aquarelle sur papier de chiffon reste inachevée, ce qui n’est pas sans charme, au contraire, car on nous incite, involontairement, à remplir les blancs… Cette illustration constitue un exemple frappant des qualités relevant du fragile et de l’éphémère, aspects spécifiques et recherchés de l’art du dessin.
À noter que la Galerie propose, en complément de cette exposition, une rencontre avec l’artiste Josée Dubeau, revenant d’une résidence professionnelle à Berlin (le 26 octobre).
Jusqu’au 4 novembre
À la Galerie d’art d’Ottawa
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