Le salon b : L'art vous va si bien
Arts visuels

Le salon b : L’art vous va si bien

Le salon b, un lieu d’exposition pour le moins particulier, présente Terre Inconnue, oeuvres de Stella Pace.

L’ENDROIT

Bien installé au-dessus du complexe funéraire Alfred Dallaire Memoria, sur Saint-Laurent – le plus audacieux des environs, architecturalement parlant -, le salon b bibliocafé est tout sauf banal. Café, traiteur, galerie d’art, bibliothèque, c’est d’abord une oasis épurée, lumineuse, où l’on peut acheter et consulter à souhait des livres sur l’art, la philosophie, la mythologie, la spiritualité, des carnets de voyage, des romans et toutes sortes de bouquins consolants et éclairants.

La mort n’a pas froid aux yeux, et Jocelyne Légaré non plus. Petite fille d’Alfred Dallaire lui-même et dernière égérie de Molinari, la propriétaire navigue à l’aise entre les mondes de l’art, du documentaire (elle est aussi cinéaste et productrice) et du business funéraire. L’idée première du concept "salon b" était de travailler à désacraliser la mort, en jouant sur la fragile frontière vie/mort, et de ne surtout pas nier cette dernière, par définition indissociable de notre condition d’êtres vivants. Les Éditions du Passage, qui font dans le livre d’art, sont d’ailleurs dirigées par sa fille Julia, dans les mêmes bureaux de l’entreprise familiale où l’on vend des urnes, des cercueils et tout ce qu’il faut pour planifier son dernier voyage. Au fond de l’immense salle au rez-de-chaussée, une toile géante de Guido Molinari nous baigne de son regard bleu.

TERRA INCOGNITA

Les artistes qui exposent au salon b ont en commun une pratique prégnante d’une grande charge poétique ou spirituelle, le plus souvent méditative, et Stella Pace (de son vrai nom) n’échappe pas à la règle. L’artiste travaille depuis longtemps la sculpture en utilisant le ciment, qui la fascine, et qui porte l’essentiel de son travail. Travail qu’elle prolonge aujourd’hui (c’est nouveau) dans l’estampe. D’une part, sept collagraphies, monotypes d’une même série, sont accrochées aux murs. À partir de ciment collé sur carton, elle triture, gratte, frotte la matière, puis l’enduit d’encre pour nous la rendre sous forme d’impressions, sur de grandes feuilles de papier.

D’autre part, sont exposés un livre d’artiste et deux petites figurines de ciment, qu’elle produit par centaines. Dans une pratique instinctive et pulsionnelle, Stella Pace fabrique des oeuvres crues et personnelles, où les composants bruts sont travaillés avec vigueur. Aux accumulations organiques et entrecroisements de matière s’ajoutent les traces et empreintes improvisées de l’artiste, qui opère toujours par séries, témoignant de cet acharnement qu’elle met à démultiplier les formes. "Je travaille seule, mais je produis des foules", dit-elle. www.memoria.ca

Jusqu’au 1er septembre
Au salon b bibliocafé
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