Roadsworth : Quand l’art se politise
Peter Gibson, alias Roadsworth, et l’Action terroriste socialement acceptable (ATSA) d’Annie Roy et de Pierre Allard vont faire partie de la biennale Trafic’Art, une rencontre entre l’art et la politique.
Depuis le Refus global, les artistes du Québec ont compris une chose: l’art peut être un extraordinaire moyen de prendre part au débat politique. Un des plus beaux exemples contemporains de l’utilisation de l’art comme discours politique réside sans contredit dans les interventions urbaines de Roadsworth. Arrêté pour vandalisme (il détournait la signalisation routière par ses interventions picturales) en 2004, cet artiste, originaire de Toronto, a reçu un tel appui de la communauté artistique que la Ville de Montréal n’a eu d’autre choix que de faire marche arrière en passant d’une amende potentielle d’environ 200 000 $ à une peine de 40 heures de travaux communautaires… dans le domaine des arts visuels!
L’art public que pratique Roadsworth embellit la ville plus qu’il ne l’enlaidit. Raison pour laquelle nous pouvons nous enorgueillir de recevoir cet artiste qui revient tout juste de Londres, où il participait à une activité artistique entourant le départ du Tour de France.
Joint par téléphone à Montréal, Roadsworth nous explique sa démarche: "Pour faire ce que je fais, je m’inspire des lieux où je crée. Par exemple, je peins beaucoup de choses en fonction des lignes de la rue, je travaille donc souvent sur le plan horizontal. Mon idée, au départ, c’était de prendre des choses banales de tous les jours, des choses que l’on tient pour acquises, et de leur donner un autre aspect. J’aime bien transformer un élément banal en lui donnant un aspect poétique, tout en faisant une critique politique sur les automobiles. Je suis comme le satyre. Je critique notre vie de surconsommation, la culture de l’automobile et de la ville. Bref, je critique surtout la façon dont la ville a été dessinée et comment cela reflète la société de consommation." (Interventions urbaines, du 4 au 10 septembre, à Chicoutimi).
Pendant que Roadsworth sévira à nouveau, l’ATSA, qui, selon les termes des artistes eux-mêmes, "crée et produit des interventions artistiques percutantes incitant à l’action citoyenne envers des problématiques sociales, environnementales et patrimoniales", prendra d’assaut le Vieux Port en présentant l’intervention politique Squat polaire, "une allégorie militante sur les changements climatiques transposant une famille d’ours polaires plutôt dépravée vivant dans une roulotte trash et ayant totalement perdu ses repères identitaires". Autrement dit, les deux fondateurs de l’ATSA tenteront d’élaborer une allégorie moralisatrice à partir d’une "relecture ironique de Boucle d’or et les trois ours". (Du 23 au 26 août, au Vieux Port de Chicoutimi) Site de l’ATSA: www.atsa.qc.ca.