Déversement accidentel : Retour aux sources
Arts visuels

Déversement accidentel : Retour aux sources

L’exposition Déversement accidentel à la Galerie SAW: des sujets d’étude révélateurs du contexte pictural contemporain, sans l’influence secondaire de la machine commerciale.

La Galerie SAW présente Déversement accidentel: La Nouvelle Peinture en Ontario jusqu’à la mi-septembre. Organisée par Stefan St-Laurent, l’exposition compte une quarantaine d’oeuvres récentes en peinture, sculpture et vidéo de sept artistes ontariens établis et en début de carrière.

Ces oeuvres d’art sont le reflet des préoccupations quotidiennes de ces artistes déterminés à faire avancer la cause picturale sous un angle critique. On s’étonne devant la diversité des techniques et des thèmes abordés, mais surtout de la figuration pour le moins très présente dans les compositions.

Parmi les créateurs désignés, trois travaillent principalement à Ottawa: Michael Harrington, Petra Halkes et Dave Cooper.

Les tableaux de Michael Harrington montrent des individus d’une simplicité marquante placés dans des décors tout aussi ordinaires: un groupe de gens au milieu d’un boisé, un autre sur une estrade de spectacle, un homme vêtu d’un pyjama assis sur son sofa… Malgré la banalité des thèmes choisis et l’économie de moyens (la couleur est posée en aplat et la facture, léchée), ce sont les qualités de la lumière, ponctuelle et théâtrale, qui rendent précieux et attachant l’ensemble des scènes produites. "Je peins le portrait de la condition humaine dans notre société afin d’éveiller une réponse empathique de la part du spectateur", écrit l’artiste sur le site de la Galerie St-Laurent et Hill, qui le représente dans la région.

Petra Halkes, surtout reconnue pour avoir publié de nombreux articles et critiques dans des revues d’art actuel, semble adopter un cadrage pictural du sujet qui va à l’encontre de la manière conventionnelle. C’est le cas de View of Maple Bay, with Salt Spring Island, 2006, où le panorama disposé en biais déstabilise l’observateur. On remarque aussi cette particularité dans View from Hedda’s Place, Ottawa, 2007, large tableau à l’horizontale qui dévoile le miroitement d’une silhouette à l’intérieur d’une lucarne et, du même coup, la vue sur laquelle cette fenêtre plonge. Ces visions ne sont pas tout à fait perceptibles, les titres seuls révélant leur entité. Chaque image, camaïeu de bleus foncés relevés de quelques lueurs lumineuses, s’offre en réflexion troublante de la sécurité précaire de l’être humain dans son environnement construit (la ville).

View from Hedda’s Place, Ottawa de Petra Halkes, 2007. Huile sur toile, 33 x 45 po.

Les toiles de Dave Cooper exhibent des personnages tout en rondeurs sortis directement d’un monde de fantaisie. Pas étonnant que l’artiste ait remporté plusieurs prix prestigieux à titre de meilleur illustrateur et qu’il travaille aussi dans le domaine de la bande dessinée. Ses créations sont exécutées soigneusement au pinceau par petites touches superposées, et on glorifie sa technique laborieuse au détriment de l’aspect froid et clinique habituellement rencontré dans les dessins animés numérisés. On the Ceiling, 2007, possède un charme surréaliste. Cette pièce arbore deux dames couchées sur un plafond, donc "à l’envers" du point de vue du regardeur. Elles semblent carrément suspendues dans le vide et cette sensation éthérée nous transporte aisément dans leur espace flottant et dessiné.

En somme, il s’agit d’une exposition innovatrice et inusitée. Et même si la peinture reste un médium que certains considèrent comme dépassé, on nous donne amplement le goût de retourner s’abreuver à la source, surtout que celle-ci se propose particulièrement rafraîchissante.

Jusqu’au 15 septembre
À la Galerie Saw
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