La Joie de vivre : Picasso sous le soleil
L’exposition La Joie de vivre. Picasso au château d’Antibes, présentée en exclusivité nord-américaine au MNBAQ, est un magnifique portrait du travail que le célèbre peintre a effectué pendant son séjour à Antibes.
Né en 1881, le fondateur du cubisme – d’après Gertrude Stein, qui a assemblé une des premières collections d’art cubiste – arrive en septembre 1946 dans la ville d’Antibes et y reste tout l’automne pour créer dans ce qui s’appellera, quelques décennies plus tard, le Musée Picasso d’Antibes (MPA), et pour cause. Il ira jusqu’à peindre sur les murs du château Grimaldi où il loge, sur des immenses morceaux de fibrociment, qui sont extrêmement lourds et donc très difficiles à transporter, ce qui explique que ces oeuvres n’ont pas beaucoup voyagé depuis leur création et qu’elles ne bougeront pas de sitôt après être revenues en France. Car une fois terminées les rénovations du MPA – raison pour laquelle nous avons la chance d’avoir une telle exposition à Québec -, parions qu’elles ne ressortiront pas de là où elles ont été conçues.
C’est pourquoi il ne faut pas manquer l’occasion éminemment unique de découvrir ces 24 peintures, 26 dessins et 5 céramiques – qui sont répartis à l’intérieur d’un parcours en quatre temps – de l’une des périodes les plus lumineuses et symboliques de Pablo Picasso. Lumineuse parce que la lumière jaillit de partout. Symbolique parce que les références à la Méditerranée, à la mythologie grecque et à Françoise Gilot, sa source d’inspiration, sont omniprésentes: des centaures, des satyres, des faunes, des nymphes, des femmes nues, Ulysse et les sirènes (1947), des oursins, des natures mortes… Bref, de la peinture La Joie de vivre en passant par les dessins (La chèvre ou Satyre, faune, centaure au trident) et les céramiques, comme le Taureau debout (1949), les peintures au Ripolin – utilisé habituellement pour peindre les bateaux – et sur bois, du genre du Nu assis sur fond vert ou du Nu couché au lit blanc, les oeuvres rassemblées nous rappellent chacune à leur manière le style particulier du génie espagnol. Et le parcours est bien pensé, nous rendant, une fois la visite complétée, heureux car, comme Ulysse, nous avons fait un beau voyage, parce que c’est véritablement à un voyage à travers la perspective, la composition, la couleur, la lumière et la facture cubiste qu’on nous convie.
Et pour nous mettre dans l’ambiance de 1946, le MNBAQ a eu la brillante idée de nous faire sentir l’effet qu’ont eu sur l’homme au faîte de sa vie la Méditerranée et son air salin grâce à quelques clichés du photographe Michel Sima accrochés aux murs des deux entrées de la salle. Ceux-ci nous montrent un Picasso à la mer, heureux, accompli, serein, sage, enfin libéré de la terreur de la guerre et transformé par l’amour.
Jusqu’au 6 janvier
Au Musée national des beaux-arts du Québec
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