Habanart à Québec : Où en est l’art cubain?
Avec Habanart à Québec, le Lieu et la Chambre blanche prouvent que les artistes cubains créent à plein régime, malgré les entraves à la liberté d’expression au pays de Fidel.
Les expositions de photographies des artistes cubains Aymée Garcia et José Manuel Fors à la Chambre blanche et celles de Nelson Ramirez et Liudmila Velazco au Lieu démontrent non seulement la vitalité de certaines pratiques actuelles en arts visuels à Cuba, mais aussi et surtout la richesse du discours qu’ils tiennent à travers leurs oeuvres. Et c’est un exploit en soi quand on pense à la difficulté qu’ont les habitants de Cuba de s’informer sur le monde extérieur.
Par exemple, comme nous l’explique Richard Martel, coordonnateur du Lieu, "Nelson et Liudmila font une étude satirique sur la place de la Révolution. Ils mettent en situation le monument en question avec diverses techniques d’impression et avec du photomontage dans des emprunts à l’histoire de l’art, autant chez les primitifs flamands que chez les artistes de la Renaissance. Ils font une espèce de collage de ce symbole qui s’appelle La place de la révolution. D’ailleurs, le titre de leur programme, c’est Absolue Révolution. Ils veulent ainsi faire le lien avec l’importation et l’exportation, parce qu’on a beau penser que Cuba est beaucoup isolé, il n’en est rien, parce que tout le monde connaît Cuba et tout le monde subit, du moins d’une certaine façon, l’influence cubaine, ne serait-ce que par la musique cubaine ou les cigares. Bref, ce que les artistes nous offrent ici, c’est un fragment de l’exposition originelle [qui s’est déroulée à Cuba] où ils empruntent au phénomène de l’histoire de l’art dans divers pays pour nous rappeler qu’on exporte Cuba à plusieurs endroits. Autrement dit, c’est l’exportation du système cubain dans le monde extérieur par le truchement des médias qu’ils tentent d’évoquer – et de critiquer – dans leur oeuvres".
Du côté de la Chambre blanche, où José Manuel Fors propose une série de photographies soumises "à des processus d’intense fragmentation plane et volumétrique qui redonnent un sens à ses propres codes pour finalement créer d’autres images", force est d’admettre que l’effet recherché est parfaitement réussi. Quant à Aimée Garcia qui, selon Nelson Herrera du Centro Wilfredo Lam de La Habana, "a commencé en tant que jeune peintre qui s’appropriait les codes visuels de la Renaissance pour énoncer des idées tournant autour de la question de la femme et de son rôle social", on peut voir et constater que le fruit de ses premières expériences artistiques a donné de magnifiques études sur le portrait, l’identité et l’influence de la Renaissance sur la peinture cubaine. Elle a véritablement atteint, par l’entremise de ses oeuvres, une beauté et un discours d’un esthétisme passéiste mais ô combien évocateur.
Jusqu’au 7 octobre
À la Chambre blanche et au Lieu
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