X Festival de photographie d’Ottawa : Pluralité de propos

Dans son studio du secteur Hull, Jacek Sokolowski, "fotograf", termine les préparatifs de son exposition. Il est maître de son métier depuis presque toujours, et préfère prendre ses clichés à l’aide d’une caméra traditionnelle. Ses figures et ses nus en noir et blanc témoignent de ses voyages et de ses rencontres fortuites avec les gens. "Je marche dans la rue et si je vois des expressions ou des mines attachantes, je les grave instantanément sur la pellicule, sans prévenir mon sujet. Et si je vois une jolie fille sur le trottoir, je lui demande si elle voudrait bien poser pour moi!" raconte-t-il, dans un éclat de rire. Il choisit de montrer des moments de vérité, avec toute la splendeur de leurs imperfections. Son fils Dominic (le peintre) essaie tant bien que mal de le convaincre de "nettoyer" une image qui servira pour des cartons d’invitation, mais il refuse catégoriquement. Il a horreur de la retouche numérique. Sokolowski confie aussi qu’il pratique à ses heures la photothérapie. "Les femmes viennent me voir, me disent qu’elles n’aiment pas s’observer en photo, qu’elles déchirent leurs portraits… Et moi, je leur propose des séances et je les guéris." Comme il s’agit du seul exposant de ce côté de la rivière, un détour avant le 3 octobre en vaudrait bien la peine!

Du côté d’Ottawa, Karina Kraenzle adopte une approche différente et tout à fait conceptuelle dans sa pratique artistique. Elle utilise un nombre varié de médiums et d’objets en juxtaposition avec des épreuves trouvées et construites pour s’interroger sur le rôle intrinsèque de la photographie, ainsi que pour évoquer le passage du temps et la mémoire que la photo génère. Alors que le progrès technologique persiste inlassablement, que la vie défile à toute allure et que les images peuplant le train-train quotidien reflètent dangereusement les valeurs de la société, Kraenzle démystifie la notion de perte et de changement, et cette tendance à vouloir gratifier sans cesse l’existence de l’homme. Et elle aboutit toujours au même constat: il est triste de devoir faire face à sa propre absence grandissante. Son exposition Picturing Paradise débute le 21 septembre à la galerie Blink.

Premier festival deviendra grand

Ponemah de David Andrews, 2007, 22 po x 28 po.

À en juger par la liste exhaustive des centres d’exposition et galeries à visiter, le X Festival de photographie d’Ottawa semble avoir visé juste en ce qui a trait à la présentation de l’art photographique d’artistes d’ici et d’ailleurs. Clichés en noir et blanc, photos numériques, beaux-arts ou pratiques commerciales, la diversité y passe et c’est l’ingéniosité de créateurs établis et en début de carrière qui s’impose. En tout, plus d’une vingtaine de lieux de diffusion participent à cet événement spectaculaire. D’abord, on nous invite à venir faire la fête le 20 septembre lors du gala d’ouverture à la Galerie Saw, dès 19h. Aussi, il est à noter que plusieurs expositions prennent l’affiche à compter de cette date; il est recommandé de communiquer directement avec les galeries pour plus de précisions. Retenons simplement la technologie numérique de Dave Kemp à la Galerie IPO, l’exposition collective Aperture à la Galerie d’art de l’hôtel de ville, le caractère intimiste des oeuvres de Ben Rene à la Galerie Lee Matasi de l’École d’art d’Ottawa, les réflexions autour du thème Female à la Galerie Red Wall et les portraits saisissants de Men à La Petite Mort (voyez la suite dans les idées…), la production autobiographique de Thrush Holmes à la Galerie Saint-Laurent + Hill, l’esprit analytique du voyageur Pedro Isztin à la galerie Wurm, le collectif de l’atelier Ville-Marie, ainsi que les explorations éclatées de David Andrews, Josh Bates, Joy Kardish et Tina Mohns à la galerie Dale Smith. www.festivalx.ca

Du 20 au 30 septembre
En différents lieux
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À voir si vous aimez /
Les oeuvres de Pascal Grandmaison, le film Manufactured Landscapes/Paysages fabriqués