Karel Funk : Sage comme une image
Arts visuels

Karel Funk : Sage comme une image

Karel Funk, artiste canadien représenté par la Galerie 303 à New York et qui a le vent dans les voiles, est de passage à Montréal. Art très léché.

Bon, je vais encore être le "casseux de party". Malgré l’engouement qui existe pour les tableaux du Winnipégois Karel Funk, son travail me laisse dans un état pour le moins dubitatif. Encore un peintre qui renoue avec l’hyperréalisme… Encore une fois, on nous fait le coup de l’art plus vrai que vrai. Je suis un trop grand admirateur de l’art moderne (qui a contesté l’art académique, qui lui aussi copiait si précisément la nature) pour ne pas me méfier de l’art tellement réaliste "qu’on-croirait-être-devant-la-réalité-et-pas-devant-un-tableau".

Bien sûr, les tableaux de Funk sont bien peints. Mais est-ce que le "bien peint" est une justification en soi? J’ai tellement entendu utiliser ce critère comme élément du jugement de valeur esthétique, qu’il en est devenu caduc. Les tableaux de John Currin sont bien peints, ainsi que ceux de Lisa Yuskavage et du duo Muntean et Rosenblum… Mais qu’ont vraiment en commun ces artistes? Rien (les deux premiers sont médiocres et pas les deux derniers).

Et puis, le réalisme est souvent le signe d’un conservatisme rassurant. Qui de nos jours, dans notre époque de retour à l’ordre, défend encore la bad painting ou le graffiti?

Je ne suis qu’en partie d’accord avec Pierre Landry, conservateur au Musée d’art contemporain, sur le fait que les tableaux de Funk ont une certaine présence (ce qui est pour moi une grande qualité). De très proche on a parfois cette sensation. Les coups de pinceau nous font presque toucher les poils et cheveux des modèles… Pourtant, à une distance moyenne ou pis, lorsqu’on est un peu éloigné, ce n’est absolument pas le sentiment qui émane de l’oeuvre. L’ensemble du dispositif nie la matérialité restreinte de certains détails. J’ai ressenti devant ces oeuvres le même malaise que devant la grande photo Petits riens de Nicolas Baier (accrochée dans le même musée). Pour cette image, Baier a scanné (en prise directe sur le réel) des objets du quotidien. Néanmoins, le résultat est totalement immatériel et fait penser à de la bande dessinée. L’ensemble donne étrangement un sentiment d’absence.

La saison au MAC commencera plutôt la semaine prochaine avec les oeuvres du Brésilien Vik Muniz et la présentation d’une pièce importante de Thomas Hirschhorn (qui fait partie des acquisitions récentes de cette institution).

Jusqu’au 6 janvier 2008
Au Musée d’art contemporain
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L’art hyperréaliste