Paris 1900. Collection du Petit Palais : L'envers et l'endroit de Paris
Arts visuels

Paris 1900. Collection du Petit Palais : L’envers et l’endroit de Paris

Coup d’oeil sur trois expos actuellement présentées au Musée national des beaux-arts du Québec, dont Paris 1900. Collection du Petit Palais, à l’image de la vie mondaine et populaire de la Ville lumière au temps de Proust.

Avec ses 140 oeuvres et ses deux salles, on peut affirmer sans hésiter que cette exposition du Musée national des beaux-arts du Québec est d’envergure internationale et a de quoi faire rêver bien des musées nord-américains.

Et le rêve débute pour nous dès lors que l’on entre dans l’une ou l’autre des salles, car non seulement on sent revivre sous nos yeux la vie parisienne de la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 1920, mais aussi et surtout parce qu’on est inondé visuellement par des objets et des personnages tout droit sortis du salon de madame de Guermantes! Il faut dire que les arts décoratifs occupent une place importante dans cette exposition et que la France a une solide tradition dans ce domaine.

Le parcours commence donc avec des pièces d’arts décoratifs que l’on peut qualifier de véritables trésors des temps modernes. Un paravent et des peignes d’Eugène Samuel Grasset par-ci, un buste de Jules Desbois par-là, et on continue fiévreusement à se promener pour tomber nez à nez avec un coffre de Lucien Falize, de la verrerie d’Émile Gallé ou une chaise d’Hector Guimard. Bref, on est en présence d’oeuvres les plus diverses, toutes plus luxueuses les unes que les autres.

Et pourtant, après avoir nécessairement été séduit par l’immense Portrait de Sarah Bernhardt de Georges-Jules-Victor Clairin, lorsqu’on pénètre véritablement dans la deuxième section de l’exposition, on apprend à quel point ce monde de luxe avait en contrepartie un univers de pauvreté, et pour le soutenir manuellement – des travailleurs -, et pour le divertir – des amuseurs publics. À cet égard, les tableaux de Fernand Perez sont très évocateurs et d’une sensibilité qui ne laissera personne indifférent.

L’ART COMME MIROIR SOCIAL

Avec Images inoubliables. OEuvres célèbres du Musée des beaux-arts de Hamilton (MBAH), le MNBAQ propose une pléthore d’artistes qui ont peint l’humanité, la nature et l’imaginaire.

Des Américains aux Canadiens, en passant par les Européens, les oeuvres des peintres et sculpteurs exposées dans cette exposition proviennent toutes de la collection d’art moderne du MBAH. À peine est-on entré dans la salle que déjà l’on reconnaît la facture moderne des oeuvres qui nous accueillent. Le Chasseur fantôme de William Blair Bruce, peint en 1888, est bouleversant, pour ne pas dire renversant. Le Cheval et train qu’Alex Colville a produit en 1954, et qui n’a pas fait l’unanimité parmi les administrateurs du MBAH lors de son acquisition, est maintenant considéré comme la pierre angulaire de la collection et est tout simplement somptueusement moderne. N’oublions pas non plus les nus, qui sont à couper le souffle, surtout celui de Prudence Heward.

On apprend également dans cette expo, entre autres, que les peintres canadiens sont allés de plus en plus en Europe à la fin du XIXe siècle et que le Groupe des Sept niait délibérément la profondeur de la toile et affirmait la couleur, comme en fait foi, par exemple, le Bosquet de bouleaux, automne de Tom Thomson.

Finalement, ce qui donne toute sa prestance à cette exposition, c’est autant son design que la qualité des acquisitions du MBAH au cours du dernier siècle. On se reconnaîtra dans les oeuvres, car elles sont en quelque sorte le miroir d’une société pas si lointaine.

L’ENVIRONNEMENT D’ISABELLE HAYEUR

Toujours au MNBAQ, les photographies d’Habiter: les oeuvres d’Isabelle Hayeur offrent au visiteur un univers empreint de lucidité et de conjectures sur l’avenir de la société et de son environnement.

Fortement influencée par les arts médiatiques, Isabelle Hayeur donne à voir les fruits d’un impressionnant travail de photomontage. La clarté de ses photographies construites numériquement lui permet de "bâtir" des images représentant des maisons chimériques et des paysages désertiques, où les seules limites visuelles sont celles que lui impose son imagination.

"Sond[ant] les territoires […] pour comprendre comment nos sociétés actuelles investissent et façonnent leur environnement [et] particulièrement intéressée par la question environnementale et par le devenir des lieux et des cultures à l’ère de la mondialisation", l’artiste nous transporte aux confins de lieux inusités.

Au Musée national des beaux-arts du Québec
Jusqu’au 6 janvier 2008
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