Kenneth Emig : Provocation des sens
Les installations monumentales de Kenneth Emig conduisent à une perception des choses qui se situe bien au-delà de la frontière des apparences.
Jusqu’au 28 octobre, AxeNéo7 présente l’exposition Continuum du multidisciplinaire Kenneth Emig. Ce natif de Toronto possède plusieurs cordes à son arc, notamment une commande d’art public réalisée pour le centre communautaire Eva-James à Ottawa, une série de performances dansantes lors de festivals nationaux, plusieurs années d’expérience dans la division du design audio de la compagnie Nortel, l’instauration du Forum mondial pour l’écologie sonore, une résidence d’artiste au Conseil national de recherches du Canada, et quoi encore! Ce bagage aux multiples facettes se discerne aisément dans sa pratique esthétique, où sculpture, optique, danse, son et technologie s’entrechoquent pour le plaisir du spectateur.
Il va sans dire que les pièces immenses de la Filature accueillent admirablement les installations du créateur. Trois salles, donc trois assemblages qui, de prime abord, s’avèrent tout droit sortis d’un monde de science-fiction. Il s’en dégage une certaine froideur due à la référence industrielle évoquée par les matériaux privilégiés, entre autres le tube lumineux au néon, l’acier et la vitre réfléchissante. Le rappel géométrique des objets construits y est aussi pour quelque chose: il s’agit effectivement d’une soucoupe "ronde", d’une fenêtre "rectangulaire", d’un "cube" suspendu. Leur taille magistrale permet la prise de conscience spontanée du lieu environnant et introduit du même coup l’interaction entre l’oeuvre et son regardant. Celui-ci s’approche, observe, recule, circule autour de la composition, bref, il joue avec elle de son corps et de son esprit.
Cube de Kenneth Emig, 1998, miroir, lumières fluorescentes, acier, 100 cm x 100 cm x 100 cm. |
Face à Cube, une investigation plus poussée du prisme central mène à la découverte d’une infinité d’images renvoyées grâce à un jeu habile de réflexions de miroirs. Étonnant qu’une structure aussi simple puisse paraître en contenir autant! Et dans la salle, même la fenêtre, d’ordinaire calfeutrée au goût des artistes exposants, s’intègre aisément à la configuration des lieux. Quant à Convergence, il s’agit d’une soucoupe de satellite à surface miroitante qui reproduit le portrait véritable de celui qui contemple seulement s’il est placé selon certains angles précis. L’acoustique changeante se fait aussi point dominant, les sonorités ambiantes s’accentuant ou s’estompant à chaque pas entamé.
L’approche du sculpteur est empathique envers un public interpellé à s’émouvoir de l’espace qui l’entoure. L’homme innovateur souhaite ainsi "que les visiteurs sortent de la galerie avec une curiosité renouvelée qui les accompagnera dans leur vie au quotidien". De toute évidence, c’est réussi.
Ah oui!… Il faut mentionner qu’Emig fait partie du centre Enriched Bread Artists, situé dans le quartier de la Petite Italie, à Ottawa, qui ouvre ses portes à tous pour une 15e année consécutive à compter du 18 octobre. Son studio est également un endroit à découvrir!
Jusqu’au 28 octobre
À AxeNéo7
Voir calendrier Arts visuels
À voir si vous aimez / Les oeuvres de James Turrell, celles de Dan Flavin