Yechel Gagnon: Documents : Visite en atelier
On visite l’exposition Documents comme si l’on pénétrait dans l’atelier de l’artiste Yechel Gagnon, dont le travail est ponctué de contrastes et d’harmonies.
Le Programme d’intégration de l’art à l’architecture finance des oeuvres pour tous les projets de construction ou de réaménagement d’un édifice qui coûtent au-delà de 150 000 $. Ce programme de subvention gouvernementale, mieux connu sous le nom de 1 %, permet d’avoir des oeuvres d’art un peu partout autour de nous. On pourrait appeler ça la démocratisation de l’art. Toutefois, ce programme est beaucoup critiqué car il est parfois difficile de comprendre la signification des oeuvres. "Quand les gens ne comprennent pas, ils n’aiment pas. Il faut pouvoir communiquer nos idées. La communication, c’est l’essence de l’art", explique Yechel Gagnon. Cette artiste montréalaise de renommée internationale dévoilait le 12 septembre dernier son oeuvre Vortex, qui trône depuis sur le portail du Théâtre Centennial, rénové depuis peu. Cette pièce d’art est le fruit du 1 %. Dans ce cas-ci, la tâche sera plus difficile pour les détracteurs de ce programme de subvention, car l’exposition Documents permet de suivre et de comprendre tout le cheminement de l’artiste jusqu’à l’aboutissement qu’est Vortex.
Lors de sa première venue sur les lieux, Yechel Gagnon a eu le sentiment que tout y était linéaire et géométrique, hormis les arbres qu’on peut voir par de grandes fenêtres. Par son oeuvre, elle a donc voulu contraster avec les éléments architecturaux en place. "C’est un clin d’oeil avant de rentrer dans le monde complexe du théâtre. Une spirale dont le mouvement est de plus en plus petit et qui va jusqu’à son centre. Il s’agit d’un lieu de passage, de convergence."
La matière première de l’artiste est sûrement l’un des matériaux nord-américains par excellence: le contreplaqué. Cette planche, composée de fines feuilles de bois encollées en entreprise, possède des propriétés structurales que l’artiste sait exploiter. "Le bois est transformé en industrie et je le ramène à son aspect organique; je lui redonne ses lettres de noblesse. Mon art, c’est la matérialité et tout le processus à la base." Le travail que fait l’artiste en atelier est très physique. Que ce soit à l’aide d’une toupie, d’un ciseau à bois ou d’une sableuse, Yechel Gagnon crée un bas-relief qui dévoile au grand jour la beauté et la richesse du contreplaqué. "Le grain, les textures, les couches, les couleurs… Je permets à l’image d’émerger à la surface. Ça évoque un monde contemplatif, un paysage imaginaire."
Documents propose également des toiles embossées ("de la gravure sans encre"), une oeuvre virtuelle ainsi qu’une installation in situ. Cette dernière a pris place dans un petit boisé adjacent à la Galerie d’art Foreman. Au grand plaisir de l’artiste, l’installation se transforme, se détériore; plusieurs graffitis ont été faits. "Il s’agit d’une histoire ajoutée à l’oeuvre." L’art devient artefact.
Jusqu’au 3 novembre
À la Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s
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