Art nomade : Ici et maintenant
La première édition d’Art nomade battra bientôt son plein sur le site de la Pulperie. Rencontre avec Francis O’Shaughnessy, commissaire de l’événement.
ART NOMME
"C’est sûr que je ne peux pas te donner vraiment de définition… Plus j’étudie la performance, plus je me rends compte à quel point c’est vague", explique Francis O’Shaughnessy, artiste de la performance ayant étudié à l’UQAC. "Au fond, c’est comme se demander c’est quoi la musique… Le terme devient tellement général que ça ne veut plus rien dire. En performance, c’est la même chose."
Si la performance est un art qui ne tolère aucune définition claire – il suffit peut-être de la nommer pour qu’elle existe -, elle implique invariablement le corps de l’artiste qui s’investit totalement dans son oeuvre, vouée à une vie des plus éphémères. Il se met lui-même en scène avec une intention particulière, qui peut être plastique ou relationnelle, voire événementielle.
Plusieurs artistes de la performance exploitent les limites du corps, se mettant parfois même en danger. D’autres préféreront instiguer chez leurs spectateurs une attitude contemplative, cherchant à élaborer une image marquante, une mise en relation d’objets qui stimule l’imagination, voire des discussions, plus ou moins enflammées.
En fait, si la performance est si difficile à cerner, c’est en partie parce qu’elle est encore très peu institutionnalisée. Mais c’est aussi parce qu’elle requiert du spectateur un abandon primaire auquel il est parfois difficile de se laisser aller. "Je crois que le public se pose beaucoup de questions quand il se sent déstabilisé. C’est peut-être justement le fait de trop se poser de questions qui empêche d’apprécier la performance", propose O’Shaughnessy. Comme des équilibristes aux paupières scellées, c’est sur le mince fil de l’émotion la plus brute que se rencontrent souvent le performeur et son spectateur. Une expérience en soi qu’il est ardu de décrire, ou même de répéter.
Car il ne s’agit que très rarement d’un scénario préétabli. Tout au plus une structure existe-t-elle, un peu comme pour les conteurs qui établissent les bases fantastiques de leur histoire sans jamais leur donner une forme définitive. C’est plutôt dans l’immédiat que tout se passe: "C’est vraiment de l’art en activité." Ici et maintenant.
ART NOMADE
"Encore aujourd’hui je me demande comment tout ça a commencé. Ce qui est fou c’est qu’en trois ans, j’ai visité 10 pays, 29 villes. Je suis allé sur tous les continents – à part l’Afrique." En effet, s’il est un art international, c’est sans doute la performance.
Après avoir participé en tant que performeur à plusieurs festivals à travers le monde, voilà qu’il devient à son tour commissaire, invitant des artistes de la performance en provenance de plusieurs pays – Canada, Pologne, Australie, Pays de Galles, Finlande. Souvent des artistes de renom dont il a pu apprécier le travail lors d’événements précédents.
Espérant contribuer à l’avancement de cet art méconnu auprès du grand public, O’Shaughnessy a tout mis en oeuvre, au cours de cette rencontre internationale de l’art performatif, pour favoriser les échanges entre les performeurs, mais aussi avec le public. Ainsi, aux différentes performances s’ajouteront des conférences qui permettront de mieux connaître les démarches et préoccupations de Terrance Houle (Canada) et Ryan Sims (Australie). Les autres artistes invités sont Francis Arguin, Jan Swidzinski, Stéphane Boulianne, Arti Grabowski, Michelle Rhéaume, Paul Hurley, Irma Optimist, le duo Noïzefer CWU et Sara Létourneau.
C’est le centre d’artistes Le Lobe qui assure la production de l’événement. Réputé pour soutenir des pratiques artistiques particulièrement casse-cou, l’organisme devenait un allié tout indiqué dans cette aventure pour le moins audacieuse. Suivez notre couverture de l’événement sur le blogue Saguenay/Alma: À perte de vue…
Du 2 au 4 novembre
À la Pulperie de Chicoutimi
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