Zone d’éclipse totale : Entre l’ombre et la lumière
Le centre d’artistes Dazibao présente Zone d’éclipse totale, de l’artiste finlandais Mika Taanila. Exposition dense et minimaliste qui présente deux oeuvres filmiques.
Mika Taanila s’intéresse surtout aux utopies et aux technologies désuètes. C’est à partir d’apparents flops technologiques qu’il a construit ces deux oeuvres, intégrant diverses disciplines. L’artiste prend un malin plaisir à agencer et réagencer techniques, images, musique et science, dans un ordre nouveau qu’il leur assigne. Sa pratique est faite d’interactions entre le son et image, le cinéma documentaire et expérimental, la réalité et la fiction.
Deux pièces, et dans chacune, deux projections géantes. La première oeuvre, La Zone d’éclipse totale, est présentée ici dans sa version installative. Deux projecteurs 16mm jettent en boucle sur le mur des images expérimentales de la toute première tentative, faite en 1945, de filmer une éclipse complète du soleil. Le film est fait de deux restitutions mécaniques: une pellicule en positif pour le soleil et une autre en négatif pour la lune. Des poussières, égratignures, sauts de quelques secondes y sont toujours, parce que Mika Taanila n’a rien changé aux pellicules originales, intéressé qu’il est par les aspects fictionnels et conceptuels de ces images trouvées. Pour l’artiste, cette oeuvre est un hommage aux pionniers du cinéma scientifique, "une célébration des ombres interplanétaires à l’oeuvre".
À travers la deuxième oeuvre, Taanila s’est penché sur la musique et sa transposition visuelle. Son Optique a pour point de départ la Symphonie #2 pour imprimantes matricielles, du duo montréalais [TheUser]. L’idée était de récupérer une technologie désuète, l’imprimante matricielle, et de lui redonner vie en lui assignant une tout autre fonction, celle d’instrument de musique. OEuvre concise et coûteuse (filmée en cinémascope), trois types d’images la composent: des images en noir et blanc prises à l’intérieur d’imprimantes avec une mini-caméra, des images en couleur prises au-dessus des imprimantes au travail et des "partitions", qui sont des fichiers-textes dont les lettres de l’alphabet et autres symboles ASCII sont utilisés pour la construction des rythmes, hauteurs et textures musicales. Ce sont plus précisément les bruits que génèrent ces machines qui sont utilisés comme matériau de base pour une composition musicale. À voir sans faute.
Jusqu’au 10 novembre
À Dazibao
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