Jean-Pierre Gilbert : Réaménagement paysager
Avec le travail de Jean-Pierre Gilbert, l’OEuvre de l’autre présente une exposition qui est de saison.
Le paysage a la cote dans les lieux d’exposition de la région cet automne. Après Langage Plus qui nous a offert les paysages de Jean-Philippe Roy, c’est au tour de la galerie L’OEuvre de l’autre de se laisser tapisser d’horizons naturels avec le travail de Jean-Pierre Gilbert, Tapisser de nature et paysages d’atelier.
Cette fois, c’est plutôt par l’isolation de détails, à l’image d’un herbier qui regrouperait des feuilles, des branches, des fleurs ou des pétales, que l’artiste réaménage le paysage. Ses albums d’estampes, intitulés Traité d’écologie contemporaine (sérigraphie) et La Portée de l’ombre (gaufrage sur papier) sont présentés au mur, de façon à permettre de poursuivre son appréciation de chacune des pages tout en gardant une bonne idée de l’ensemble. Avec le premier, contenant 17 planches, l’artiste présente des pages centrées sur des textes poétiques qui semblent être confortablement installés au creux de nids de feuillage et de branches, nourris à même les cimes qui s’y penchent. Sur la trace de ses mots, c’est toute une humanité qui vivra une retraite, méditation réflexive sur ce qui est perdu, ou ce qui pourrait l’être.
Avec La Portée de l’ombre, l’artiste pousse encore plus loin cette tension vers l’introspection. Les techniques employées par l’artiste obligent cette fois à une proximité de l’oeuvre nécessaire pour déceler les détails qui y sont incrustés. En noir sur fond noir, par le biais d’ondulations, de creux, de bosses ou de points d’aiguille, se dessinent avec discrétion des motifs qui semblent faire écho, pour l’artiste, au côté sombre de l’Homme – désespoir, folie, acrimonie, solitude, avanie… Étrange, peut-être, de trouver le désir parmi cette sombre liste.
Alors qu’à chaque extrémité de la salle s’opposent des bricolages de carton utilisant des motifs – feuilles, arbres – pour en venir à des représentations différentes, au centre se trouve un pupitre, coiffé d’un cahier à colorier et d’un bouquet de crayons de couleur, qui interpelle le visiteur. Ce dernier est invité à revivre quelques bribes de son enfance, peut-être; l’époque de la petite école, du coloriage, des herbiers. Il peut d’ailleurs s’asseoir et mettre sa touche au cahier de l’artiste, intitulé Coloriage: le monde entier, colligeant quelques dessins de l’artiste tracés au trait gras et ouvert aux couleurs de chacun.
Un beau moment de recueillement dans un paysage où il ne manque que l’odeur des feuilles mortes.
À voir si vous aimez /
Raccourci, de Jean-Philippe Roy
Surréel, de Jocelyn Philibert
L’Enfant dans les arbres, de Francine Ruel