Arts visuels

Jennifer Bélanger : L’art de raconter une histoire

Avec son exposition Ne me secoue pas. Je suis plein de larmes, au centre Engramme, Jennifer Bélanger propose un échantillon d’une cinquantaine de sérigraphies effectuées… sur des mouchoirs usés!

Comme elle nous l’expliquait alors que nous visitions son exposition singulière, si elle a choisi ce support particulier, c’est "parce qu’en partie, le mouchoir a une histoire, il a du vécu. Les histoires qui sont racontées sur ce bout de tissu sont plutôt tristes. Le contenu a donc un rapport avec le contenant". En effet, ces morceaux de textile ne sont plus ce qu’ils étaient. Ils sont devenus des objets d’art, mais ils gardent toutefois les traces de leur passé, comme le prouvent une tâche de sang par-ci ou une saleté par-là. Ça donne l’impression d’être véritablement en contact avec les expériences humaines qui nous sont relatées par les dessins parfois brodés, la plupart du temps imprimés sur les fichus. Les dessins sont d’ailleurs d’une qualité exceptionnelle, alliant les formes propres à la bande dessinée et des couleurs vivantes. Les images reproduites sur ces pièces de coton sont en quelque sorte l’expression visuelle d’un moment émotionnellement intense de la vie de quelqu’un.

En exposant ces histoires anecdotiques, Jennifer Bélanger démontre au spectateur qui l’avait oublié à quel point nous avons le coeur sensible et, comme l’a très bien remarqué Suzanne Richard dans la revue Liaison, l’univers de l’artiste "fait table rase de la conception populaire selon laquelle la femme, ou pire encore, les enfants et principalement les fillettes, sont des êtres sans défense. Naïves en apparence […], les mises en scène de l’artiste finissent par prendre, bien souvent, des tournures cauchemardesques, plutôt que de se terminer par des happy endings".

On peut regarder le travail de Bélanger à travers les lunettes d’un adulte, mais l’on ne verra pas l’essentiel du message. Ou on peut, pour apprécier les oeuvres à leur juste valeur, faire l’effort de se mettre dans la peau d’un enfant, et l’on comprendra peut-être mieux la pensée de l’artiste.

Jusqu’au 9 décembre
Chez Engramme
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