Marie-Hélène Leblanc : Courtisane
Médium: Marge présente Tenue de ville, une exposition de Marie-Hélène Leblanc qui transforme "haute couture" en "autre structure".
Le vêtement féminin a souvent tenu lieu de figure imposée, donnant à la femme l’image que la société lui enjoignait d’adopter selon les époques. Si le régime des conventions sociales, gérant attitude et vêtements, s’est effrité avec le temps, l’image dépend encore souvent de l’habillement.
Lors du vernissage de Tenue de ville, tout le monde n’avait d’yeux que pour la courtisane qui trônait avec grâce au centre de la salle de Toqué Rouge. Élevée au-dessus de la foule par un vêtement pour le moins inusité, l’artiste Marie-Hélène Leblanc, aussi directrice du centre d’artistes Espace Virtuel, accueillait les invités de la cour.
Difficile de savoir si c’était l’artiste qui portait l’étrange tenue, ou si elle était elle-même portée par le vêtement, une toilette architecturale conçue en bois dont la tournure – ce qu’on appelle aussi, sans vulgarité, le faux cul – rappelait un chevet, cette structure monumentale arrondie qui abrite le choeur de certaines églises.
L’artiste-courtisane n’a jamais manqué de compagnie malgré son incapacité patente à se déplacer, les visiteurs s’approchant d’elle chacun à son tour. À l’occasion, par l’entrebâillement d’une porte inclinée, elle exhibait les "dessous" précaires auxquels elle s’astreignait. En fait, dans cette construction figurant une robe, elle devait se tenir debout, en équilibre sur une table. C’est cette situation d’instabilité sans doute inconfortable qui rappelait avec le plus de force l’histoire du vêtement féminin, faisant écho à toutes ces contraintes vestimentaires que les femmes ont dû s’imposer à travers les époques. Le vêtement devenait ainsi un au-delà du corps, une excroissance indélogeable, une extension rigide camouflant le naturel, le mouvement, voire la vie.
Dans l’acte de création qui métamorphose couture en construction, l’artiste semble avoir incarné le passage d’un état passif – soumission historique de la femme – à une situation active – une construction même de son histoire actuelle et à venir.
L’exposition est centrée sur cette robe que l’artiste aura habitée pendant toute la durée du vernissage, la portant avec l’élégance attendue d’un vêtement d’une telle stature. Lui répondent aussi un livre de Balzac (Traité de la vie élégante) et un livre de l’artiste se rapprochant du fanzine (La Vie élégante, dessins et éléments fondamentaux), rappelant les publications des Trois Grâces distribuées à l’université, il y a quelques années, par un collectif dont Leblanc faisait partie.
Jusqu’au 30 novembre
À Toqué Rouge
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Le Traité de la vie élégante, d’Honoré de Balzac
L’architecture
Le travail du bois