Alexandre Boisseau : Fausses perles
Arts visuels

Alexandre Boisseau : Fausses perles

Alexandre Boisseau séduit avec un corpus dont l’exubérance coule à flots, et qui n’a pas peur d’en faire voir de toutes les couleurs!

C’est une vingtaine d’oeuvres débordantes d’énergie enfantine qui se retrouvent dans l’exposition intitulée Le coeur caresse…, de l’artiste montréalais Alexandre Boisseau. Exhibés à la galerie Montcalm jusqu’au 16 décembre, les tableaux en relief, sculptures et photographies numériques baignent dans une marée de points lumineux et de teintes disparates. Des masques à l’aspect pharaonique, un jardin fleuri à souhait, un ciel étoilé où des ampoules multicolores s’allument et s’éteignent en série, et même la carapace d’un homard placée sous verre, sont les sujets privilégiés de cet inventaire hétéroclite et fantaisiste.

Il va sans dire que toutes les compositions relèvent d’un néo-kitsch plus vrai que nature. L’interprétation des arrangements est facile, car ils sont d’une évidence presque puérile; c’est là l’essentiel du style. Malgré la simplicité de la réflexion, l’effet est marquant. D’une part, la fabrication est sans reproche et étudiée. Le bricolage savant démontre une patience infinie pour la disposition juste et efficace de détails minutieux. D’un autre côté, le spectateur ne peut s’empêcher d’éprouver un certain malaise, voire du dégoût, devant la multitude de rangs de perles en plastique bordant les cadres des représentations. Pareil sentiment face aux simili-pierres précieuses ornant exagérément la surface des visages découpés, et vis-à-vis des faux finis dorés et argentés. Dans l’ensemble, le tape-à-l’oeil extravagant et festif fait quasiment hurler de désespoir tellement la question du bon goût est douteuse!

Le Jardin (détail), 2000, techniques mixtes sur bois, 76 X 86 X 13 cm.

Mais il s’agit bien d’un usage volontaire de ces babioles au rôle élémentaire. Kitsch oblige, elles évoquent d’emblée les trouvailles peu dispendieuses et de piètre qualité ramassées futilement au Dollarama du coin. S’ensuit le dialogue intérieur à propos des notions d’excès et de surconsommation qui y sont associées… concepts qui, dans le contexte de la présentation, renvoient aussi au côté plus artificiel et maquillé de l’univers de la gent féminine. (Sans rancune, Mesdames!)

Car Boisseau s’intéresse de près au thème de la féminité. Il passe et repasse au peigne fin tous les stéréotypes et émotions qui définissent ce caractère qu’il dit mystérieux, pour créer des oeuvres qui s’en rapprochent énormément et qui l’élèvent inévitablement à un statut majestueux. Stella, moule en plâtre modelé sur une amie de l’artiste, et bien sûr recouvert d’inauthentiques pierreries, constitue un exemple frappant. Cette effigie fait d’ailleurs plusieurs fois l’objet de clichés trafiqués par la technologie informatique.

Une visite sur alexandreboisseau.com donne un autre aperçu de la production massive du créateur, également directeur artistique dans le domaine de la vidéo et de l’animation (il a déjà collaboré avec le groupe Loco Locass à quelques reprises).

Pour l’instant, l’homme prodigieux réussit à exprimer tout bonnement la particularité sentimentale évoquée par l’objet précieux… surtout qu’il est simplement question de fausses perles à l’innocence assurée!

Jusqu’au 16 décembre
À la Galerie Montcalm
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