Désolé, plus d’essence : Pensée magique
Désolé, plus d’essence, une expo du CCA portant sur la crise du pétrole des années 70, nous confronte à une question plus large: notre rapport actuel à la planète. Inquiétant.
Il semblerait bien que l’humanité ait quelques problèmes à s’adapter à la réalité de la planète… Cela pourrait même laisser croire à la stupidité de notre espèce. D’ailleurs, ce sera peut-être la conclusion à laquelle le visiteur arrivera à la sortie de l’expo sur la crise du pétrole de 1973, présentée ces jours-ci au Centre Canadien d’Architecture.
Lorsque, dans les années 70, il y eut une crise économique majeure à la suite de la hausse du prix du pétrole (le baril passa de 2,59 $ en octobre 1973 à 11,65 $ en janvier 1974), nous aurions pu croire que l’homme occidental deviendrait plus raisonnable, changerait radicalement sa manière de consommer, gaspillerait moins, recyclerait systématiquement, développerait les sources d’énergie renouvelables… Pourtant, près de 35 ans plus tard, nous nous apercevons que nous avons très peu progressé dans ces domaines. Et il a fallu que plane la menace de catastrophes écologiques majeures pour que la population et nos politiciens (de nos jours presque toujours sans vision à long terme) commencent à prendre conscience de la gravité de la situation. Hubert Reeves, qui a dit que "le 21e siècle sera écologiste ou ne sera pas", faisait remarquer qu’il a senti un changement de mentalité chez les politiciens seulement dans les toutes dernières années!
Pourtant, la catastrophe était bien annoncée. Cette expo intitulée Désolé, plus d’essence nous montre ce que risque d’être la réalité de notre avenir si nous (citoyens, gouvernements, mais aussi grandes et petites entreprises) ne nous décidons pas à modifier nos habitudes de vie. Le visiteur verra comment la crise du pétrole a amené dans certains pays l’interdiction de la circulation des voitures le dimanche, la réapparition du cheval dans le paysage urbain, l’installation de panneaux solaires sur les maisons…
Cette expo est certes un "hommage aux architectes, ingénieurs, artisans et penseurs qui ont consacré leur énergie et leur inventivité à trouver des solutions" à cette crise. Mais elle montre surtout combien la solution aux problèmes d’énergie (et, par conséquent, d’écologie) passe par des décisions politiques… Vous verrez comment, depuis les années 30, bien des gens ont travaillé à développer des manières de moins gaspiller les énergies ou à élaborer des sources d’énergie renouvelables, sans que cela n’ait d’impact déterminant sur nos manières de vivre. Vous y apprendrez aussi comment l’implantation de panneaux solaires, qui semblait se développer avec intensité dans les années 70, a perdu de son ampleur dès les années 80, quand la crise s’est estompée. À ce sujet, on nous rappelle que les panneaux solaires que le président Carter avait fait placer à la Maison-Blanche, en 1979, furent retirés en 1986 par Reagan…
Une exposition très pertinente, même si elle aurait pu être un peu plus animée (avec des reportages d’archives?). La section où vous pourrez voir les chefs d’État de l’époque expliquant à la télévision leur impuissance devant cette situation de crise méritera toute votre attention. Il vaudrait mieux prévenir que devoir guérir…
Jusqu’au 20 avril 2008
Au Centre Canadien d’Architecture
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L’écologie et le sort de l’humanité