Ramses Madina : Nostalgie fragmentée
Le travail photographique et cinématographique de l’artiste Ramses Madina est présenté à la Galerie d’art de l’hôtel de ville d’Ottawa jusqu’au 6 janvier prochain. Le créateur, également diplômé en littérature anglaise, est ici fasciné par la question de la transformation lente et déclinante du panorama rural.
Au premier coup d’oeil, le thème peut sembler banal et d’une simplicité trop évidente pour être abordé. Y refait surface le souvenir d’excursions automobiles passées à regarder indéfiniment la scène redondante en bordure d’autoroute, avant d’arriver enfin à destination…
Mais inévitablement, les clichés saisissants de Madina sont plus que rudimentaire apparence. En plus d’être dotés d’une forte charge poétique, ils essaient de rappeler le rapport détaché et grandissant que chacun entretient inconsciemment avec les valeurs dites agricoles: le sens de la tradition se perd, l’appartenance à la communauté disparaît, l’engouement pour les supermarchés augmente au détriment des commerces locaux… Ainsi, la grange, charpente symbolique du milieu campagnard, est photographiée maintes fois et en différentes localités juste avant sa destruction ou son écroulement, exacerbant la précarité de la collectivité paysanne et cultivatrice. Et dans la même veine, le court métrage Farmer’s Requiem est dévoilé au public. Cette oeuvre, à l’affiche lors de la récente édition du Festival international du film de Toronto, tente elle aussi d’exprimer la nostalgie éprouvée devant l’effondrement progressif d’un paysage culturel trop souvent délaissé de tous. (K. Le Van)
À voir si vous aimez / Robert Adams