Arthur Desmarteaux : Marteau-piqueur
Arts visuels

Arthur Desmarteaux : Marteau-piqueur

Arthur Desmarteaux tente de clouer le bec à la culture dominante ainsi qu’au monde des riches et des puissants. Un art agaçant. Heureusement.

Il fait un art très proche de la bande dessinée, de la caricature, mais aussi parfois du graffiti. Dans notre époque où l’espace urbain est légalement pollué par une multitude de publicités qui tentent de nous faire surconsommer, mais où le graffiti est vu comme un crime, il pourra sembler difficile de défendre un art ayant une teneur aussi contestataire. D’autant plus difficile que de nos jours, il y a souvent peu de différences entre l’art et la pub…

Quant à lui, Arthur Desmarteaux, jeune artiste de 28 ans, fait un art visuellement engagé. Son vrai nom est Étienne Rochon, mais il a pris un pseudonyme afin de "garder un certain anonymat face à mes créations de bon goût (qui me font parfois peur)". C’est le monde à l’envers… Mais il est bien que ce monde sens dessus dessous nous soit montré d’un autre angle. Malgré son ton dévastateur et son esthétique souvent agressive, Desmarteaux marque des points et fait sa place dans le milieu de l’art. Il participe, ces jours-ci, à l’expo Paper Politics au Walker’s Point Center for the arts, à Milwaukee au Wisconsin, ainsi qu’à la XIIIe Biennale internationale de la gravure et des nouvelles images de Sarcelle.

Son art est irrévérencieux, politisé, tapant autant à droite qu’à gauche. Personne n’est épargné… Desmarteaux s’attaque à la culture dominante (comme celle de Walt Disney qu’il déconstruit en caricaturant Mickey Mouse), aux riches, aux puissants…

Dans son exposition à Longueuil, parmi les 83 oeuvres présentées, vous pourrez remarquer, entre autres, la sérigraphie Notre père qui êtes aux cieux, où l’artiste s’attaque à une certaine image de la masculinité. Les héros et leaders du monde (actuel et passé) en prennent pour leur rhume. Sous le portrait de Christophe Colomb, vous pourrez lire la légende "Papa s’approprie de nouveaux territoires". Sous le visage de George Bush est inscrit "Papa se fout éperdument de notre opinion" et sous celui de Charest "Papa entretient de bonnes relations avec ses amis"… Desmarteaux enfonce le clou avec un Castro présenté comme un papa qui "tient à ses idées"…

Certes, toutes ses oeuvres ne sont pas d’égale force. Les céramiques me semblent former un corpus plus faible. Desmarteaux est à son meilleur dans des images grouillantes d’informations, un peu trash et gore.

Voilà un bel exemple du fait que la bande dessinée et les arts visuels s’inspirant de la bande dessinée représentent un domaine très actif au Québec. Lors de l’événement Expozine (qui a eu lieu les 24 et 25 novembre derniers), cela s’avérait évident. Nous pourrions nommer une pléiade d’artistes qui montrent la vitalité de cette forme d’art: Julie Doucet, Billy Mavreas, Hélène Brosseau, Marc Tessier, Eric Braün, Layla Majeri, Line Gamache… Il faudra suivre attentivement le travail de Desmarteaux. www.arthuro.ca

Jusqu’au 15 décembre
Au Vieux-presbytère St. Mark, Longueuil
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sans les céramiques: