Francine Simonin : Récit d’un voyage créatif
Voir a joint Francine Simonin à Montréal juste avant que ne débute son exposition Barcelone Bay à la Galerie Lacerte. Entrevue avec une icône de l’estampe québécoise.
Francine Simonin est originaire de Lausanne. Née en 1936, elle arrive en 1968 au Québec et s’installe à Montréal. Diplômée de l’École des beaux-arts de Lausanne, elle participe à de nombreuses expositions collectives tant à l’étranger qu’au Canada. Elle a aussi à son actif beaucoup d’expositions individuelles et ses oeuvres font partie de grandes collections. Elle a par ailleurs remporté un nombre important de prix, dont le Prix de la Fondation Thomas Moore (Montréal) et le Prix Irène-Raymond (Lausanne). Elle voyage entre Barcelone, Paris, Lausanne et Montréal depuis le début de sa carrière.
Son exposition regroupe un corpus d’oeuvres réalisées en 2006 en Espagne où les techniques mixtes comme le collage et la pointe sèche sur papier sont à l’honneur, tout autant que les couleurs chaudes.
Comment vous sentez-vous en tant qu’artiste quand vous êtes en voyage? Autrement dit, est-ce que la création se passe différemment lorsqu’on n’est pas chez soi?
"Dans chaque atelier où je travaille, en particulier à Barcelone – et plus précisément à l’atelier Murtra d’Arenys de Munt -, le monde qui y vit est différent, la lumière est différente, les techniques aussi, les heures auxquelles on mange, surtout, sont modifiées. Il est donc évident que les créations s’en trouvent changées. Cependant, j’arrive toujours dans un état d’esprit, que je sois en France, en Espagne ou au Canada; j’ai une méthode qui m’est propre. Elle vient de moi, et ça ne change pas d’un endroit à l’autre, sauf en ce qui concerne les images que je vois, les impressions que j’ai et les souvenirs qui se forgent d’une ville à l’autre."
Est-ce qu’on retrouve des influences catalanes dans ce que vous présentez à la Galerie Lacerte, à savoir vos plus récentes productions?
"Non, pas vraiment. Certes, j’ai été influencée par des artistes comme Klee, Picasso et Matisse, par exemple. Et ça transparaît dans mon travail. Mais comme ça fait 50 ans que je fais de l’estampe, j’ai eu le temps de développer un style! Je suis une artiste qui se situe entre la figuration et l’abstraction. Et dans le cas du port de Barcelone, source d’inspiration de mes dernières résidences à l’atelier, je me suis laissé influencer par le cubisme, parce que le port est non seulement un paysage magnifique, mais c’est aussi, d’un point de vue visuel, un assemblage de lignes qui se coupent et se recoupent, ce qui en fait un paysage éminemment cubiste. Je présente donc des vues du port et de ses grues. Bref, de tout ce qui fait qu’un port se transforme, se construit. J’ai vu l’évolution des constructions, et je voulais en rendre compte dans mon travail."
Sentez-vous que vos multiples résidences à l’étranger vous ont permis de transformer votre pratique, vos techniques et votre manière de créer?
"Disons qu’à l’étranger, on regarde les choses différemment. Quand je crée là-bas, je vois le rose, le bleu et le vert de la lumière catalane, c’est une lumière violente. En été, les terres sont sèches, la couleur jaune est très présente. Mais ce qui a changé fondamentalement, c’est le format des oeuvres. Avec les moyens auxquels j’ai maintenant accès, je peux faire de plus grands collages et gravures."
Y a-t-il un message dans vos oeuvres? Défendez-vous une cause?
"Un message politique, vous voulez dire? Eh bien, il n’y en a pas dans mes oeuvres. Pour la simple et bonne raison que je n’y crois pas, à la politique. Et si j’en parle, je vais devenir méchante."
Jusqu’au 24 décembre
À la Galerie Lacerte
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