Rébellions: Patriotes vs Loyaux : Mourir pour des idées
Arts visuels

Rébellions: Patriotes vs Loyaux : Mourir pour des idées

Le Musée Pointe-à-Callière présente Rébellions: Patriotes vs Loyaux, une exposition qui souligne le 170e anniversaire des rébellions de 1837 et 1838.

LA SITUATION

Faire une histoire courte de cette période complexe de notre histoire n’est pas une mince affaire. Rappelons d’abord que dans les années 1830, Montréal est une petite ville en plein essor dont la population se voit transformée très rapidement par l’arrivée de milliers d’immigrants britanniques qui domineront l’économie du pays. Ensuite, de nombreux facteurs – chocs culturels, enjeux politiques divergents, désirs d’égalité, tensions générées par la compétition pour les terres et pauvreté – se combinent pour alimenter un intense bouillonnement idéologique. Des factions radicales émergent et en peu de temps, la situation s’envenime: Montréal, quartier général des Loyaux et des Patriotes, est sous tension.

C’est en 1791 qu’est signé l’Acte constitutionnel, qui mène à la division de la province en deux colonies, chacune ayant sa Chambre d’Assemblée et ses cours de justice. S’installe alors une forte inégalité des pouvoirs entre les représentants élus et ceux nommés par la Couronne britannique. Les Patriotes revendiquent un pouvoir accru du peuple, tandis que les Loyaux restent fermes dans leur allégeance à la Couronne britannique. Un grand vent d’affirmation des libertés et des principes démocratiques souffle sur le Bas et le Haut-Canada, et les Patriotes réclament dès lors que le Conseil législatif soit, lui aussi, choisi par le peuple.

En 1834, la Chambre adopte les 92 résolutions où l’on réclame une fois de plus un conseil législatif élu, pendant que de leur côté, les Loyaux dénoncent ces idées. Trois ans plus tard, la réponse de Londres est définitive: les résolutions sont rejetées en bloc; c’est ce qui mènera à l’éclatement des rébellions. Les affrontements violents entre Loyaux et Patriotes commencent le 6 novembre 1837, au coeur même de ce qui est aujourd’hui le Vieux-Montréal. Le gouvernement Gosford émet rapidement 26 mandats d’arrestation contre les chefs patriotes, dont Louis-Joseph Papineau. Les rébellions s’enflamment, les batailles s’étendent géographiquement, et le 5 décembre suivant, la loi martiale est déclarée à Montréal.

Des insurrections renaîtront à l’hiver 1838 et se propageront pour atteindre leur apogée en novembre suivant, pendant la bataille d’Odelltown. Les Patriotes, vaincus, vont capituler. Douze d’entre eux seront exécutés et plusieurs dizaines seront exilés en Australie.

L’EXPOSITION

Rébellions: Patriotes vs Loyaux dépeint les principaux acteurs de ces événements au moyen d’objets personnels, de portraits, de lettres et de documents officiels. Ainsi, le visiteur rencontrera, par exemple, les Patriotes William Mackenzie, Wolfred Nelson et Louis-Joseph Papineau, ainsi que des Loyaux comme Peter McGill et les lords Colborne, Gosford et Durham.

190 objets nous sont présentés, dont les 92 résolutions déposées au Parlement et la réponse de Londres, le rapport Durham et l’Acte d’union. Y sont aussi montrés un album de dessins et de textes réalisés par des Patriotes détenus à la Prison neuve, le journal intime de Caroline Debartzch, racontant les premiers conflits de la vallée du Richelieu en 1937, un registre des exécutions à la prison du Pied-du-courant et un jeu d’échec ayant appartenu à Papineau (et à son père avant lui). Aussi, il y a la très émouvante lettre de Chevalier de Lorimier écrite à son ami Guillaume Lévesque quelques heures avant sa pendaison.

En somme, une exposition bien ficelée, bien montée, qui traduit une certaine volonté d’impartialité. Éclairant.

Jusqu’au 27 avril 2008
Au Musée Pointe-à-Callière
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