Pour l’art! OEuvres de nos grands collectionneurs privés : Investir dans l’art
Avec l’exposition Pour l’art! OEuvres de nos grands collectionneurs privés, le Musée des beaux-arts célèbre nos trop rares collectionneurs. Un parcours éclectique et curieux de l’histoire de l’art.
Beaucoup (moi le premier) se plaignent du fait que la population au pays n’achète pas assez d’oeuvres créées par nos artistes. Et lorsque nous achetons, nous achetons encore trop souvent des oeuvres médiocres. Nous acquérons encore trop de paysages pittoresques dans l’esprit de Marc-Aurèle Fortin ou du Groupe des Sept, des sous-produits de la culture classée… Voilà qui est très contemporain! Si nous voulons une culture actuelle forte, celle-ci doit être défendue ardemment par nos gouvernements, mais aussi par les divers publics. Ces publics doivent aller voir davantage les oeuvres de nos artistes dans les galeries ou centres d’artistes et acheter ce qui se fait ici, maintenant. Il nous faut davantage d’acheteurs occasionnels, mais aussi de petits et grands collectionneurs… Voilà donc pourquoi l’exposition présentée ces jours-ci au Musée des beaux-arts (MBA) est d’une grande pertinence. Espérons qu’elle puisse développer cet élan culturel absolument nécessaire.
En mettant à l’affiche une soixantaine d’entre eux, le MBA souhaite rendre hommage aux collectionneurs montréalais. Nous sommes au Musée des beaux-arts, alors l’accent a été mis sur l’art ancien et moderne, et pas seulement sur l’art québécois ou canadien actuel. Néanmoins, vous pourrez voir à quel point l’art, ici et maintenant, peut faire rêver (et pas seulement parce qu’il représente un investissement économique intéressant). Parmi ces collectionneurs, on retrouve des noms illustres: la fondatrice du Centre canadien d’architecture Phyllis Lambert, l’avocat Roy L. Heenan, l’homme d’affaires Pierre Bourgie, le fondateur du Cirque du Soleil Guy Laliberté, le parolier Luc Plamondon, F. Ann Birks… Des noms de famille très familiers pour les Québécois, les riches et célèbres de notre jet-set. Le MBA a voulu souligner en grand l’apport de ces gens avec, dans le catalogue, pour chacun d’eux, une courte entrevue où ils expliquent l’histoire de leur amour artistique. Le musée a aussi voulu faire remarquer l’apport de gens moins célèbres, parfois moins fortunés et qui se sont épris d’art avec autant de passion. C’est un des points importants de l’événement.
Le résultat est certes éclectique, mais très rarement mauvais (les sculptures de Fafard sont toujours aussi décevantes). Certes, l’accrochage très serré des oeuvres évoque peut-être trop les intérieurs bourgeois d’une autre époque. Et quitte à jouer cette carte, il aurait fallu mettre plus de cloisons dans les grandes salles du musée afin de créer des espaces plus intimes… Cela dit, de très belles surprises attendent le visiteur, dont les Rodin de Phyllis Lambert, qui sont exceptionnels. La sculpture Iris, messagère des dieux, les jambes écartées, est digne de L’Origine du monde de Courbet.
On trouve aussi des oeuvres d’artistes québécois contemporains, ceux qui sont devenus presque inabordables mais qui pouvaient être achetés assez facilement il n’y a pas si longtemps encore. Vous y verrez des pièces du trio BGL, de Nicolas Baier (oeuvre prêtée par François Rochon), d’Ed Pien (remarquable papier découpé de la collection de Robert Côté), de François Lacasse (collection Nathalie Goyette et Philippe Lamarre)…
Après un début d’automne peu emballant au MBA (l’expo sur les Sulpiciens ou celle sur l’art et les technologies manquaient de panache), voici enfin une présentation réussie. Les divers publics y trouveront leur compte.
Jusqu’au 24 février 2008
Au Musée des beaux-arts
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L’art ancien, moderne et contemporain