Barbara Garant : Comme un rêve
Barbara Garant présente, au Centre national d’exposition, ses Veilleurs, rêveurs éveillés, infants des mondes étranges de son imaginaire.
C’est un rapport onirique à l’enfance qui semble être le lien le plus fort entre les différentes oeuvres exposées par Barbara Garant, qui signe ainsi la fin de son parcours de maîtrise en arts de l’UQAC. Ce rapport à l’enfance très présent dans le travail de l’artiste n’est jamais exclusivement naïf, comme ses participations littéraires au collectif 3REG l’ont maintes fois prouvé. Dans ses oeuvres picturales, il est pourtant moins spectaculaire, plus nuancé. C’est dans la contemplation et dans l’étude des détails qu’il se met en scène.
Ses immenses peintures sont comme des clichés qui fixeraient des personnages enfantins dans un univers flou et incertain, déteignant même parfois sur eux, diluant leur identité en effaçant leur visage ou une partie de leur corps. Comme s’ils se confondaient dans leur monde infini. Le figuratif se découpe ainsi sur fond de rêve, plongeant les enfants représentés dans une inquiétante étrangeté dont ils ne semblent pas toujours avoir conscience.
C’est une belle manière d’amorcer un dialogue avec la mémoire. Cette faculté n’a-t-elle pas tendance à isoler des éléments – visages, objets, situations – au détriment de tout leur contexte initial? Le Je me souviens s’avère le plus souvent très sélectif, ne retenant que le marquant, au risque de manquer l’essentiel. De la même façon, les peintures de Garant se concentrent sur le nécessaire, justement épurées. L’artiste évite ainsi le piège de l’abus de langage (ici pictural) fréquent chez de nombreux étudiants qui sentent plus fortement l’urgence de communiquer que celle de créer.
Rappelant souvent l’esthétique des livres illustrés des années 50 – dont La Bonne Mère canadienne-française et autres chefs-d’oeuvre moralistes de la même époque -, l’exécution des personnages de Garant montre l’excellente maîtrise qu’elle a de son médium. Facile d’accès pour le plus grand nombre, son travail, quoique redondant, ne sombre pas dans l’insignifiance de la représentation pure. Bref, un beau départ sur la scène des arts visuels.
Jusqu’au 13 janvier
Au Centre national d’exposition
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