Revue 2007 : Plein la vue
Naissances, disparitions, expos-événements: 2007 fut une année riche en surprises.
L’année a débuté avec la disparition de l’une de nos institutions et s’est achevée par une bien triste nouvelle. En janvier, paraissait le 125e et dernier numéro de la revue Parachute, dont le comité de rédaction avait annoncé la "suspension" des activités, mais qui depuis ne donne plus aucun signe de vie… La fin de l’année fut très assombrie par la disparition de la galeriste Thérèse Dion qui a défendu bien des artistes.
Entre ces deux sombres événements, notre ville a été heureusement rythmée par de nombreux moments forts. En octobre, un nouvel espace y ouvrait ses portes. La Fondation DHC/Art, dédiée à l’art contemporain, voyait le jour dans le Vieux-Montréal. Certes, les activités de ce lieu ont débuté avec une expo de l’artiste britannique très à la mode Marc Quinn (ses tableaux de fleurs étaient stupéfiants de kétainerie). Néanmoins, il est très heureux de voir un nouveau lieu pour l’art contemporain aussi dynamique à Montréal. Cette fondation a de plus ponctué notre vie culturelle en dehors de ses nouveaux locaux. En mars, elle permettait la présentation du film sur le joueur de foot Zidane réalisé par Douglas Gordon et Philippe Parreno. En avril, elle projetait Drawing Restraint 9 de Matthew Barney.
Le Musée d’art contemporain ne fut pas en reste. Il a mené une année tambour battant (voir Top 5), et ce, malgré un bémol, la faiblesse de la présentation du vidéo de Darren Almond. Le visiteur a pu y admirer les pièces de Thomas Hirschhorn, Jean-Pierre Gauthier, Bruce Nauman, Vik Muniz, Guy Ben-ner, Jérôme Fortin… Très peu de femmes, mais bon, qui s’intéresse encore à ces questions féministes dépassées?
Le Musée des beaux-arts a, quant à lui, proposé des expos intéressantes, mais moyennement emballantes. L’expo Disney s’est montrée très peu critique par rapport à son sujet. Les oeuvres d’Emily Carr et de Maurice Denis furent très intelligemment abordées, mais il s’agissait néanmoins d’artistes assez éloignés des valeurs esthétiques de notre époque. Plusieurs défis attendent la nouvelle directrice Nathalie Bondil, dont celui de monter des expos d’envergure qui plaisent autant aux spécialistes qu’au grand public, tout en étant d’une grande actualité.
CÔTÉ BIENNALES
En mai et juin, la Biennale de Montréal, sous le commissariat de Wayne Baerwaldt, s’est avérée être une bonne cuvée avec les interventions remarquées de 2boys.tv, Michael Awad et Evan Penny, David Hoffos, Paul P., Theo Sims… Mais malheureusement, elle était peu soignée dans sa présentation (avec, par exemple, des cartons d’identification collés un peu n’importe comment) et comptait très peu d’oeuvres réalisées pour l’événement. Le 10e Mois de la photo fut lui aussi de haut niveau avec Marie Fraser à la barre. Le nombre élevé de vidéos est peut-être le signe d’un tournant esthétique et intellectuel qui demande un changement de nom pour cet événement.
DES GALERIES UNIVERSITAIRES BIEN ACTIVES
Un artiste né à Montréal, mais travaillant maintenant à Londres et à New York, a représenté le Canada à la Biennale de Venise. Nous avons pu voir en juin les installations sculpturales de David Altmejd à la Galerie de l’UQÀM, institution qui avait d’ailleurs soutenu son dossier pour Venise. Dans ce même lieu, nous avons pu voir Michel de Broin, Lucie Robert et même l’artiste écossais Douglas Gordon. La galerie de Concordia a elle aussi continué de faire un excellent travail. L’amateur a pu y voir 9 Evenings (qui parlait de John Cage, Yvonne Rainer…), les expos d’Adad Hannah et d’Harun Farocki, mais aussi La Tête au ventre, montée par Mathieu Beauséjour.
DES ARTISTES TRÈS PROLIFIQUES
Parlant de Mathieu Beauséjour, il faut dire qu’il a encore eu une année exceptionnelle (comment fait-il pour être aussi productif?) en tant que commissaire, mais aussi en tant qu’artiste avec une expo intitulée Monument (à la Fonderie Darling), qui exhibait une imposante guillotine… L’année fut aussi ponctuée par l’art conceptuel de Bill Vazan (chez VOX), l’installation photographique de Yan Giguère (chez Occurrence), des sculptures et oeuvres sur papier de Patrick Coutu (chez René Blouin) ainsi que des oeuvres postcoloniales de Kent Monkman (chez Pierre-François Ouellette).
Montréal en 2007 s’est donc révélée une ville très active dans le domaine des arts visuels, et ce, même si lors des Rendez-vous de novembre de Montréal, métropole culturelle, on a à peine parlé de cet atout considérable qui mériterait une reconnaissance plus marquée.
FLIP/FLOP
FLIP /
LES COLLECTIONNEURS PRIVÉS DE MONTRÉAL
Le travail des collectionneurs privés montréalais, qui est montré depuis le début du mois au Musée des beaux-arts, s’est révélé passionnant. Alors que l’on se plaint souvent d’un nombre limité d’acheteurs dans notre métropole, cette exposition a montré leur vitalité. Malgré un sujet un peu casse-gueule (cela risquait d’être complètement hétéroclite), cette présentation s’est avérée fort agréable.
FLOP /
LA COLLECTION LOTO-QUÉBEC
En début d’année, la présentation des oeuvres de la collection Loto-Québec dans son Espace création fut très décevante. Le visiteur y a découvert 38 pièces tirées d’acquisitions très conservatrices pourtant élaborées sur près de 30 ans avec des moyens assez considérables… Un bilan moins que moyen, montrant les lacunes importantes de cette collection montée par une société d’État qui devrait et pourrait facilement avoir un rôle de leader sur la scène culturelle québécoise…