Jean-François Provost : Pulsions d'artiste
Arts visuels

Jean-François Provost : Pulsions d’artiste

Jean-François Provost est sans contredit dévoué à l’art pictural. À travers ses oeuvres: l’âme d’un poète, et une intrigante sensibilité.

À la rencontre des Petites Études de peinture du foisonnant Jean-François Provost à l’espace Odyssée, nul n’est certain de la signification réelle des barbouillages colorés qui surplombent les murs. En fait, lui-même n’aborde certainement pas la question, puisque toute sa démarche repose sur le principe fondamental dictant l’art pour l’art. Autrement dit, la simple expression des pulsions intuitives qui l’habitent est bien suffisante à elle-même.

Plusieurs artistes opèrent d’ailleurs d’une façon identique (après tout, c’est la base du processus créateur), et Provost n’est sans doute pas le seul à décrier l’emploi prépondérant du propos artistique pour définir le domaine. "Il faut cesser de toujours chercher. Si vous aimez, c’est que j’ai réussi", explique-t-il.

Mais dans la présente exposition, le bachelier en arts visuels semble maîtriser davantage toute la spontanéité inventive guidant ses choix. Heureux élu ayant la chance et le bonheur de gagner sa vie grâce à la vente de ses huiles, il offre au spectateur deux séries distinctes: l’une à la facture reconnaissable, puisque facilement mesurée à son travail antérieur, et la seconde interrogeant de façon plus intime la composition même du tableau.

La première suite évoque toujours l’exploration de la surface, déjà entreprise dans le passé. Quelques traces évanescentes animent ainsi des fonds épurés et unifiés, ces derniers arborant une teinte subtilement nuancée d’une toile à une autre. Des taches expressives et bigarrées s’accumulent, parfois grattées ou lacérées, laissant entrevoir des morceaux de papiers marouflés se confondant pratiquement aux limites bidimensionnelles. D’autres traits au fusain, rustiques et prononcés, font aussi partie du décor, de même que des dégoulinures primitives surlignées de manière intentionnelle.

Jean-François Provost, Peinture no 5, 2007. Huile, acrylique et collage sur toile, 163 x 183 x 5,5 cm.

En général, la structure de ces représentations s’apparente à celle du paysage; là est introduit un élément édificateur s’éloignant de la pure expression émotive. Le poids de la scène (qui n’en est pas tout à fait un, à vrai dire) se retrouve subséquemment vers le bas. Dans l’ensemble, ces petites parcelles de couleur s’apprêtent à devenir formes, toutefois d’une légèreté trop vaporeuse pour être réellement définies de la sorte. Mais pour celui qui regarde, l’impression est marquante. Le canevas projette un caractère éthéré qui plonge hardiment dans une sensation d’entre-deux, les "faux-poids" baignant presque dans le néant.

C’est d’ailleurs avec Plénitude du vide 2, segment de la succession réalisée juste avant le départ du peintre pour la biennale d’art contemporain à Florence, au début du mois de décembre dernier, que le discours s’éclaircit peu à peu à ce sujet. Au coeur de l’image, les formes flottent carrément dans l’espace gris, ébranlant les repères familiers de la perception.

Provost amorce donc la nouvelle année avec des idées plein la tête, à étudier et à renouveler constamment… Prochaine sortie à surveiller! www.jeanfrancoisprovost.ca

Jusqu’au 17 février
À l’espace Odyssée de la Maison de la culture de Gatineau
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À voir si vous aimez / Antoni Tàpies