Trésors du temps de la Nouvelle-France – la collection du Musée Stewart : Reliques historiques
Des Trésors du temps de la Nouvelle-France – la collection du Musée Stewart – sont exposés dans une des nombreuses salles du Musée de la civilisation (MC). Voyage dans le temps.
"Si les avantages que procure la culture de l’esprit ne sont pas toujours, dans un pays nouveau, appréciés à leur juste valeur par une population trop préoccupée d’intérêts matériels, il viendra un temps, sans doute, où pleine justice sera rendue à ceux qui auront fait des sacrifices pour la plus belle cause qui puisse occuper l’attention des sociétés." F.- X. Garneau savait-il en écrivant ces lignes dans son livre Voyage en Angleterre et en France dans les années 1831, 1832 et 1833 que, des décennies plus tard, un des plus grands musées du Québec proposerait une exposition portant, entre autres, sur la culture de l’esprit en Nouvelle-France aux 17e et 18e siècles?
Certainement pas. Mais force est de constater que justice a été rendue à ceux qui ont fait des sacrifices, comme Garneau, pour l’avancement des sciences et de la culture artistique. Plus précisément, le MC offre aux visiteurs, à l’aide de 43 objets regroupés sous 5 thèmes, une incursion dans l’univers fascinant des us et coutumes des premiers habitants de la colonie française en terre d’Amérique, en nous accueillant avec un canon!
Le parcours débute donc avec des pièces reliées à la guerre, au commerce et à la paix, comme en font foi cette fidèle Maquette d’arsenal d’un vaisseau de ligne de 70 canons (vers 1745) et cette enseigne de cabaret (fin du 17e siècle) accrochée au mur. Le deuxième segment de l’exposition, Mode et Loisirs, nous montre, par exemple, un Porte-perruque du 18e siècle pour souligner le fait que "tout homme qui voulait se faire respecter et être perçu comme gentilhomme, qu’il fût aristocrate, magistrat, militaire, prêtre ou bourgeois, devait porter la perruque quotidiennement". Et juste à côté, les commissaires Guy Vadeboncoeur et Jean-François Gauvin ont choisi de présenter cette Chaise à porteurs utilisée par les nobles, ce Maître à danser, un instrument à cordes servant au professeur de danse pendant les leçons, et ce Coffret d’outils de jardinage, un reliquaire d’un passé révolu.
Pourtant, le meilleur est à venir. Dans la section Navigation et Exploration, on s’arrête immanquablement devant cette Carte géographique de l’Amérique réalisée par Jean-Baptiste Nolin (1686-1762), source inépuisable de renseignements sur la géographie et l’histoire du continent, de la même manière qu’on se délecte, un peu plus loin, à la vue du Globe terrestre de Willem Janz Blaeu (1571-1638), cartographe et fabricant de globes. Et juste en face, on trouve, dans la partie de l’exposition consacrée aux Arts décoratifs, une oeuvre d’art remarquable, La Noce du village (vers 1760), une tapisserie de haute lice de la Manufacture royale des Gobelins de Michel Audran (1701-1771) exécutée d’après un tableau du peintre Étienne Jeaurat (1699-1789). Puis, devant cette immense fresque de la vie quotidienne, on peut observer un Justaucorps de laquais ou livrée du milieu du 18e siècle et la Canne de la marquise de Pompadour (vers 1750), faite d’or et d’écaille de tortue.
On arrive finalement à la dernière thématique abordée, qui démontre que le mécène David M. Stewart était une personne ex professo, autant dans le domaine de l’histoire que dans celui des arts décoratifs et des sciences. À cet égard, le Microscope (vers 1754) d’Alexis Magny (1712-1777), un mécanicien-opticien, et de Philippe Caffieri (1714-1774), un bronzier et ciseleur, est une des oeuvres les plus évocatrices de l’intérêt de l’époque pour l’étude des phénomènes de la nature, car, comme le télescope, le microscope est une invention du 17e siècle. Il illustre parfaitement bien le goût des sciences des Européens du 17e siècle qui allait les mener aux Lumières. Les spécimens couramment observés au microscope, nous dit-on, "étaient les puces, les poux, la circulation sanguine dans les nageoires des poissons". Vous pourrez voir également un portrait de Michel Sarrazin (1659-1734), médecin du roi et botaniste en Nouvelle-France, ainsi que d’autres reliques témoignant de l’émergence de certaines sciences ayant changé notre façon de penser l’astronomie (le globe céleste) et le magnétisme (la boussole).
Au Musée de la civilisation
Jusqu’au 19 octobre 2008
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À voir si vous aimez /
L’histoire de la Nouvelle-France, les sciences et les arts décoratifs