Françoise Sullivan : L'amour suprême
Arts visuels

Françoise Sullivan : L’amour suprême

En 2008, on célébrera le 60e anniversaire du Refus global de Paul-Émile Borduas et de son groupe. Ce n’est donc pas par hasard que la Galerie d’art du Centre culturel de l’Université de Sherbrooke souligne, ces jours-ci, le parcours extraordinaire de Françoise Sullivan, l’une de ses cosignataires.

Françoise Sullivan était dans la jeune vingtaine lorsqu’elle apposa sa signature au fameux manifeste, aux côtés des noms de Claude Gauvreau, Fernand Leduc, Jean-Paul Riopelle et bien d’autres artistes du groupe des Automatistes. Pourquoi signe-t-on un tel document à cet âge? "Parce qu’on veut changer le monde. On y croit quand on est jeune. C’est à cet âge-là qu’on fait des révolutions. On se sentait un peu comme des apôtres. On voulait une liberté pour tout le monde, un libre accès au merveilleux, pour que chacun puisse être à son meilleur. Aujourd’hui encore, je constate que les gens en parlent beaucoup, qu’ils y croient. Je trouve cela vraiment fascinant", répond Françoise Sullivan.

Le parcours multidisciplinaire de cette grande dame de l’art contemporain est remarquable. En plus d’avoir fait partie des Automatistes, elle a contribué à l’émergence, voire à l’essor, de la danse moderne, de la sculpture, de l’art conceptuel, de la performance et de l’installation. La principale intéressée ne voit pas cette diversité comme une particularité: "Pour moi, c’était normal; c’était ma pratique. De plus, je ne suis pas la seule. Prenez Michael Snow. On ne s’étonne jamais de voir qu’il a peint, qu’il a fait du cinéma, des installations, des performances… Il a tout fait. Ça ne se choisit pas. Finalement, c’est la même attitude qu’on peut avoir envers l’art. Vous savez, être artiste, c’est une façon d’être dans le monde."

LA "BONNE PEINTURE"

L’exposition Pluralité et Création propose des oeuvres issues de différentes périodes du parcours artistique de Françoise Sullivan. Il est intéressant de constater la présence de plusieurs tableaux récents, des monochromes, qui impressionnent par leur éclat et leur pureté. "Je pars de ce que j’ai fait et j’essaie de pousser ça. J’apporte un élément nouveau. C’est difficile; c’est du travail", souligne Mme Sullivan.

On sent qu’elle voue un amour suprême à la peinture et qu’elle s’y consacre avec toute la passion qui l’habite: "Des théoriciens ont tenté de "tuer" la peinture dans les années 70. Il y avait de grands forums auxquels des milliers de personnes venaient entendre que la peinture était morte… C’était traumatisant. Ce n’est pas possible de vivre sans art; c’est comme vivre sans eau." Tout de même, l’artiste rigole en se remémorant un texte qu’elle a écrit à cette époque afin de témoigner de son affection pour la peinture tout en y dénonçant l’héritage du controversé Marcel Duchamp. "Mon texte s’intitulait Goodbye Monsieur Duchamp. Je démontrais que ce qu’il a fait, ce n’était pas de l’art, mais de l’ironie de p’tit gars", dit-elle, sourire en coin.

Jusqu’au 10 février
À la Galerie d’art du Centre culturel de l’Université de Sherbrooke
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