Rick Leong : Au pays des merveilles
Rick Leong, jeune peintre montréalais, fait un tabac. Une peinture qui va au-delà du féerique, tellement à la mode de nos jours en art contemporain.
Le marché de l’art est en pleine ébullition sur la scène internationale. Les prix s’envolent, et ce, même pour de très jeunes artistes. Même au Canada, nous assistons à des phénomènes de ce genre. Il y a fort à parier que le marché finira par se dégonfler, ou se tasser, mais pour l’instant, les artistes peuvent en profiter un peu. Ces jours-ci ont lieu à la Parisian Laundry deux expos qui ne manquent pas d’intérêt, et qui montrent combien le milieu est en pleine effervescence.
Le jeune peintre Rick Leong (34 ans), né à Burnaby en Colombie-Britannique mais vivant à Montréal, et qui a obtenu une maîtrise en arts visuels de l’Université Concordia l’an dernier, y présente une dizaine de tableaux regroupés sous le titre Wonderland. Mais ne tentez pas de vous procurer une toile de cet artiste après avoir lu mon texte… Toutes ses oeuvres sont déjà vendues – la plupart le furent le soir même du vernissage, à des prix dépassant les 6000 dollars pour les grands formats!
Leong a, à l’évidence, un talent certain, doublé d’une technique impeccable. Mais on pourra se surprendre de cet engouement si rapide pour toutes ses oeuvres, bien qu’il réalise des oeuvres tout à fait dans l’esprit qui plane ces temps-ci sur le milieu de l’art: comme le titre de son expo l’indique, son travail fait référence au féerique si à la mode de nos jours. Il sait, lui aussi, s’approprier avec intelligence cette esthétique dans laquelle s’est trop réfugiée notre époque (qui préfère ne pas voir la réalité moins fabuleuse du monde contemporain). Il faut néanmoins souligner que ses paysages à connotation chinoise sont très décoratifs, souvent simplement jolis. Mais au moins deux tableaux se détachent du groupe et montrent plus clairement ce dont il est capable: The Wrong Phenomenon (2007) et Night Light (achevé en 2008, quelques jours avant le début de cette expo). Dans ces deux peintures, Leong trouve une manière nettement plus personnelle. La première (qui se retrouve sur le carton d’invitation), montrant un arc-en-ciel, et la seconde, dévoilant des figures fantomatiques, sont picturalement plus innovatrices. Espérons que son oeuvre aille davantage dans cette direction.
DA CORTE
Un autre artiste est présenté à la Parisian Laundry. Il s’agit d’Alex Da Corte (27 ans), originaire de Philadelphie et dont la critique a parlé dans le New York Times l’an dernier. Dans I Think About You All of the Time, qui fait référence à la folie de l’amour, vous verrez plusieurs photos bien trop similaires à l’esthétique de la pub. Ses images montrant des jeunes hommes sautant sur un lit en slip coloré ainsi que celles exposant d’autres jeunes hommes torse nu, le visage couvert de brillants ou la bouche remplie de fraises, évoquent trop les publicités d’American Apparel. Des clichés sympathiques mais qui deviennent vite exaspérants, malgré des textes qui sauvent un peu la mise.
Jusqu’au 23 février
À la Parisian Laundry
Voir calendrier Arts visuels
À voir si vous aimez /
L’art postmoderne qui s’inspire des contes de fées
pour Leong
pour Da Corte