Maria Lezón et Renée Béland : À qui la faute?
Arts visuels

Maria Lezón et Renée Béland : À qui la faute?

Maria Lezón et Renée Béland traitent de sujets qu’elles affectionnent particulièrement en cultivant habilement les sensibilités du regardeur.

L’humour s’affiche partout dans la vie de tous les jours. À la télévision, dans les publicités, au club vidéo du coin qui en étale toute une section et en bien d’autres endroits encore, l’esprit de dérision est associé à la récréation et au divertissement. Reste aussi que c’est l’une des manières les plus efficaces de faire passer en douce un message à un interlocuteur qui, autrement, risquerait d’être terriblement offensé du contenu… Et c’est exactement ce qui frappe à la rencontre des deux corpus exhibés au Centre d’exposition l’Imagier.

Dans la salle principale, Maria Lezón, peintre d’origine espagnole venue s’installer à Ottawa, offre au visiteur une suite de tableaux fort percutants qui ne laisse personne indifférent. Les Dangers de la maternité s’étalent comme une brochette de commentaires justes et piquants sur les éventuelles péripéties et situations anecdotiques rencontrées par une nouvelle maman, personnage au centre des propositions picturales.

C’est sourire aux lèvres que sont abordés Killer Baby, où le rejeton au fusil réclame expressément le biberon à sa génitrice dans l’ombre, de même que Lullaby at the Museum, alors que la nourrice déconcertée allaite son poupon devant la reproduction stylisée de Saturne dévorant un de ses fils, du macabre peintre Goya… L’ironie est au rendez-vous, mais il s’agit bien là de formules réfléchissant l’actualité et la réalité sociale. Ainsi, le phénomène de l’enfant roi et celui de la violence gratuite viennent lentement s’immiscer au noyau de ces oeuvres précises…

Et dans San Fermin, cette fête espagnole qui inclut le fameux encierro alors qu’un taureau de combat est relâché dans les ruelles de la ville, des bovins aux silhouettes angoissantes pourchassent une mère à l’instinct protecteur vigoureux. Malgré le danger imminent, elle paraît confiante et assurée de s’en sortir. "J’essaie constamment de réinventer les stéréotypes féminins en soulignant des caractères robustes et intelligents", précise l’artiste.

En définitive, les compositions sont empreintes d’une poésie émotive qui interpelle avec brio l’expérience ludique et raisonnée du spectateur. (marialezon.com)

Renée Béland, Chien de collection (détail de l’installation), 2007. Acrylique sur toile, diamètre: 18 cm.

Quant à l’espace de la minigalerie, Renée Béland l’investit avec une installation où le chien vole la vedette. Une série peinte, sur laquelle figure le portrait de compagnons canins travestis grâce à des subtilités vestimentaires très tendance, fait écho à un mur de photographies miniatures du meilleur ami de l’homme prises sur le vif. Chien de collection vient s’inscrire dans la tradition accessible du pop art, évoquant l’animal domestique sur lequel l’être humain semble exagérément jeter son dévolu, "cela, par exemple, au détriment de la cause des sans-abri", de citer la créatrice.

En somme, deux présentations où l’expression humoristique de mise communique discrètement une idée sans que quiconque ne se sente sérieusement montré du doigt…

Jusqu’au 24 février
Au Centre d’exposition l’Imagier
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À voir si vous aimez / Frida Kahlo, Edna Lemyre, George Rodrigue