Mois Multi : Expérience artistique
La 9e édition du Mois Multi (MM9) va bientôt débuter sous le thème IN_EX. Histoire de savoir de quoi il sera question et ce que l’on pourra y découvrir, Voir s’est entretenu avec le directeur artistique de l’événement multidisciplinaire, Émile Morin.
Avez-vous déjà entendu parler du MM9? Si non, apprenez qu’il se déroule à la coopérative Méduse et ailleurs, qu’il dure un mois – du 13 au 24 février et du 11 au 20 septembre -, que l’on y verra défiler une quantité impressionnante d’artistes et que la qualité technique et esthétique des oeuvres présentées et des spectacles en font une des rencontres les plus courues dans le milieu très pointu des arts électroniques en particulier et des arts visuels en général. Mais ces expositions, ces colloques et ces spectacles sont-ils pour tout le monde? Oui, à condition d’être prêt à vivre des expériences hors de l’ordinaire, provocantes, déstabilisantes et intellectuellement enrichissantes. Explications.
QU’EST-CE QUE LE MOIS MULTI?
D’emblée, Émile Morin nous explique que le mandat du Mois Multi est d’inviter "des artistes qui produisent des oeuvres d’art en faisant un croisement des langages artistiques. Ce qui a pour conséquence de créer des pièces très singulières, qui viennent bousculer les genres, qui viennent offrir, en matière de formes, des résultats visuels et sonores très surprenants. Ce que cela donne, c’est un festival non spécialisé. Ça permet au public, s’il vient voir plusieurs trucs, d’avoir des expériences diverses. En d’autres mots, venir au MM9, c’est venir voir de l’art qui se fait d’une nouvelle manière, voir quelles sont les nouvelles pratiques".
DESTABILISATION SENSORIELLE
Par exemple, poursuit le directeur artistique, "la création multidisciplinaire Feed de Kurt Hentschläger, un artiste autrichien qui vit maintenant à Chicago, propose une pièce immersive. On entre dans une salle qui est totalement noire où l’artiste va travailler avec un jeu de projections, un jeu d’éclairage stroboscopique, et où il utilisera de la fumée de scène, mais d’une manière intense, dans un procédé qui au départ visera à nous déstabiliser. On est dans un espace et, pourtant, on en viendra à ne plus savoir où l’on est. On aura de la difficulté à voir le bout de notre bras si on l’allonge. L’oeuvre arrivera de la sorte à créer une déstabilisation des repères spatiaux du public. Ce sera une expérience spatiotemporelle. D’ailleurs on aura une décharge à l’entrée à faire signer pour éviter de causer des troubles à des personnes qui ont des problèmes de santé". Autrement dit, pour ceux et celles qui n’ont pas froid aux yeux.
QUAND L’ART RENCONTRE LA SCIENCE
Et pour ceux et celles qui aiment les oeuvres plus "sculpturales", il y aura de quoi vous satisfaire. En effet, "en venant au MM9, on pourra voir trois installations en parallèle [gratuitement]. Ces trois projets ont en commun d’être faits par des artistes qui travaillent avec les nouvelles technologies. Ça, c’est une grosse partie du MM9, à savoir l’art numérique. Une de ces installations, c’est Robotic Chair de Max Dean, un Torontois qui a travaillé plus de 15 ans sur ce projet. C’est simplement une chaise qui ressemble aux chaises de bois qu’on avait à l’école quand on était jeunes, pas très confortable d’ailleurs, assez carrée, et qui tout à coup, à des temps bien précis, parce que ça ne roulera pas constamment – ça va être à peu près à toutes les heures – se défera devant vous – à noter qu’il y aura une pancarte qui nous indiquera la prochaine représentation – comme si toutes ses pièces se détachaient et tombaient à terre. Et ce qui arrivera dans les minutes qui suivent la chute sera étonnant. La chaise, contenant un dispositif robotique très sophistiqué, arrivera à se reconstruire et à se remonter dans sa position initiale par elle-même. Ce qui semble extrêmement simple quand on parle, mais qui est extrêmement complexe sur le plan technique. Alors, il y a ça maintenant en art, c’est-à-dire des artistes qui développent des projets et qui, pour les réaliser, se doivent de travailler avec des spécialistes, dans ce cas-ci, de la robotique". Résultat: une oeuvre d’art à caractère scientifique.
LA LUMIERE D’UNE JOURNEE…
Juste à côté de ce projet fascinant, vous pourrez voir une oeuvre de Pablo Valbuena, "qui est un artiste espagnol qui a fait un très beau projet, Augmented Sculpture #1. Imaginez plusieurs boîtes de carton de différentes dimensions, très droites, qui sont toutes empilées dans un coin. Disons que ça fait une montagne dans le coin de la pièce. C’est comme une drôle de sculpture, une architecture qui est là, dans le coin de la pièce et, en se servant d’un projecteur vidéo, l’artiste projettera là-dessus des masses de lumière. Quand je parle de ce projet, je dis souvent, pour que mon auditeur puisse le visualiser, que c’est comme si on imaginait une maquette d’un building très étrange dans une ville et sur lequel on projette en accéléré l’effet du soleil qui tourne autour de cette masse. Ainsi, on voit le changement de la lumière sur cet immeuble, mais en accéléré. Il faut venir le voir. C’est très simple et très beau".
AUTRES SUGGESTIONS
Par ailleurs, 400e de Québec oblige, les organisateurs du MM9 ont senti le besoin, comme on l’a spécifié plus haut, de le séparer en deux blocs de deux semaines, contrairement aux autres éditions qui se déroulaient pendant tout le mois de février. Il y aura donc cette année une portion des activités pendant le mois de septembre prochain et une partie pendant le mois de février, dont Les Errances de l’écho de Jean Dubois, Double-Face et Digit de Julien Maire, Cubing d’Artificiel – un groupe de création multidisciplinaire basé à Montréal – et le colloque Supervitesse et Wikimémoire – De l’accélération des consciences à la mise en réseau d’une mémoire fragmentée. Le MM9 est un événement des Productions Recto-Verso, un groupe de création et de diffusion en art multidisciplinaire fondé en 1984.
À la coopérative Méduse
Du 13 au 24 février
Voir calendrier Arts visuels
À voir si vous aimez /
Les expositions immersives, les arts électroniques et multidisciplinaires