Joe Fafard : Muses réjouissantes
Arts visuels

Joe Fafard : Muses réjouissantes

L’oeuvre expérimentale de Joe Fafard transfigure avec humour le quotidien banal et domestique de la vie.

Près de 70 oeuvres de toutes sortes du sculpteur canadien Joe Fafard sont rassemblées pour une première fois au Musée des beaux-arts du Canada, retraçant en abrégé le portrait des 40 ans de réalisations artistiques de cet homme originaire de la Saskatchewan. Aujourd’hui âgé de 65 ans, il pratique toujours son art à plein temps avec une équipe indispensable de techniciens dans son Julienne Atelier Inc. (nommé ainsi en l’honneur de sa mère), établi par nul autre que lui-même au milieu des années 1980, simplement pour pallier aux listes d’attente interminables des fonderies avec lesquelles il faisait affaire à l’époque. S’ensuit une aventure extraordinaire marquée par des expérimentations inusitées de techniques de moulage du bronze, dont il peut se vanter d’être l’humble inventeur, sans oublier un voyage au Nouveau-Mexique auquel il convie son personnel dans le but de lui apprendre une méthode de coulage nouvelle à base de sable, d’une simplicité et d’une efficacité sans pareil. Le fascinant procédé peut d’ailleurs être visionné au cybermuse.beaux-arts.ca, sous la rubrique du créateur.

Mais Joe Fafard amorce sa carrière en travaillant l’argile. Les salles initiales de l’exposition regorgent de délicieuses figurines de faïence datant des années 1970 et ne dépassant pas les 30 centimètres de hauteur.

Ces pièces représentent des personnages mi-portrait, mi-caricature, provenant du milieu familier de l’homme à réputation internationale: ce sont des membres de sa famille, des amis, et même des artistes et des politiciens que le visiteur prend plaisir à reconnaître… L’hyperréalisme est certes au rendez-vous, mais il apparaît par petites touches, par endroits précis, isolé de l’ensemble, laissant deviner une facture presque brute et rustique. Certes, le détail des visages ridés est d’une précision respectable, les boutons de chemise minuscules miroitent exactement comme les vrais, et même le pantalon de Batoche (1977) arbore une texture époustouflante rappelant l’épaisseur moelleuse d’un velours côtelé unique en son genre. Mais somme toute, les proportions des corps sont irrégulières et démesurées. Parfois, c’est la tête des statuettes qui est amplifiée, et dans d’autres cas, comme pour celui de la pouliche Peggy (2004) installée à l’entrée, les pattes sont reproduites plus longues qu’à l’habitude…

Joe Fafard, Mon père, 1972. Faïence, glaçure et peinture acrylique, 37,1 x 35,4 x 35,4 cm. Collection de Joe Fafard, artiste.

Et parlant d’animaux de la ferme, sujet par lequel Fafard se fait grandement connaître lorsqu’il décide de s’initier au bronze, c’est en seconde partie de la présentation qu’ils sont dévoilés. Leur gabarit gigantesque, étouffé quelque peu dans le contexte de la galerie, appelle sans contredit à une ouverture vers l’espace extérieur…

Il est vrai que le style du récipiendaire 2007 du Lifetime Achievement du Conseil des arts de sa province natale fait dans le populaire. Mais placé devant de tels vestiges, pour ainsi les nommer, le spectateur ne peut que succomber agréablement à cet univers au charme des plus désarmants!

Jusqu’au 4 mai
Au Musée des beaux-arts du Canada
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