Québec, une ville et ses artistes : Rétrospectives multiples
L’exposition Québec, une ville et ses artistes est moderne, sobre, didactique et offre au visiteur un voyage très instructif à travers presque toutes les formes d’arts visuels qui se sont faites à Québec pendant les 300 dernières années (de 1670 à 1970).
Et force est d’admettre qu’avec ces 22 artistes et ces 170 oeuvres, le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) frappe fort et vise juste. Pénétrer dans l’une des trois salles consacrées aux artistes qui ont fait la renommée de Québec, c’est comme entrer dans l’univers de notre histoire de l’art. Bien plus que cela, c’est comme si par magie s’ouvraient devant nous les portes de notre Histoire.
Et une autre chose est impressionnante dans cette aventure muséale qui marque le 75e anniversaire de la fondation du MNBAQ, c’est qu’aucune oeuvre, aucune sculpture, aucun élément de l’exposition n’est superflu. Tout a été pensé. Bien sûr, puisque "choisir, c’est renoncer", les commissaires Yves Lacasse et Denis Castonguay n’ont eu d’autre choix que de faire des choix! Conséquemment, ils n’ont pu faire autrement que de laisser pour compte certains artistes importants de la ville de Québec. Mais est-ce que cela enlève une quelconque valeur au produit final?
Certainement pas. Des premiers peintres comme Frère Luc (1614-1685), qui est arrivé à Québec en 1670, au dernier des objets d’art exposés, l’Introscaphe 1 d’Edmund Alleyn (1931-2004), il n’y a que foisonnement de pièces magnifiques qui, souvent, n’ont pas été montrées au public depuis des lustres, soit parce qu’elles étaient en train d’être restaurées, soit parce qu’on ne savait même pas qui en était l’auteur! Explications.
Le cas du Tabernacle de Pierre-Noël Levasseur (1690-1770) destiné au maître-autel de l’église de Sainte-Anne-de-la-Pérade est très parlant à cet égard. Il vient d’être restauré et on ne savait pas qu’il était de lui avant sa restauration. Signalons encore la réunification des trois portraits de religieuses d’Antoine Plamondon (1804-1895), qu’on n’avait pas vus ensemble depuis belle lurette.
Bref, des scènes de la vie politique à l’Assemblée nationale de Huot (1855-1930) aux paysages somptueux de Québec vus, par exemple, de la pointe de Lévis par Krieghoff (1815-1872) en passant par les scènes de la vie quotidienne de Québec à l’époque de la colonie britannique de l’aquarelliste Cockburn (1779-1847), l’immortalisation picturale des incendies de mai et juin 1845 qui ont ravagé les quartiers de Saint-Roch et Saint-Jean par Légaré (1795-1855), les très beaux Pellan (1906-1988) et les ineffables Lemieux (1904-1990), il n’y a que découvertes, surprises et étonnement à ce rendez-vous historique.
En d’autres termes, comme nous le disait Yves Lacasse pendant que nous visitions l’exposition, "on a essayé de présenter le maximum de médiums: peintures, sculptures, orfèvrerie, estampes, photographies, broderie, installations, peintures murales, vitraux, design, mobilier. On a tenté de faire le tour. On avance dans le temps d’un artiste à l’autre. On a voulu aussi montrer que les artistes de Québec rayonnaient à l’extérieur. Une autre chose qu’il faut retenir qui est très importante et qui est, selon moi, évidente, c’est que Québec a été pendant longtemps la capitale artistique du Canada. En effet, pendant plusieurs années, les meilleurs artistes du Québec et du Canada étaient à Québec. Donc, Québec était un foyer artistique très fort et très vivant".
Cependant, comme nous le soulignions plus haut, les commissaires ont dû prendre de difficiles décisions. "En fait, le grand défi aura été de faire le choix des artistes, des sujets et des oeuvres. Il fallait faire en sorte que nos sélections dans le corpus des artistes ne soient pas redondantes."
Le résultat de cette entreprise est un succès. "On voit Québec et ses artistes. On voit la ville. Mais ce n’est pas une exposition sur la représentation de Québec. On voit comment Québec a été au cours des siècles un foyer artistique." Et c’est tant mieux ainsi, car ce qu’on aime de Québec, c’est justement qu’elle ait été et qu’elle soit encore une source d’inspiration et une ville où il fait bon d’être un artiste.
Jusqu’au 27 avril
Au Musée national des beaux-arts du Québec
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